C'est pour le compte de la firme espagnole "Fantastic Factory" que le réalisateur Brian Yuzna a signé cette "Malédiction des profondeurs" au script intéressant mais quelque peu fourre-tout débouchant sur un métrage en demi-teinte.
Le script place les habitants d'une ville construit au bord d'un barrage, dont la construction a nécessité l'engloutissement d'un village, face à une malédiction issue d'un culte satanique dont le grand prêtre revient sur place pour se venger et libérer les démons.
Après une séquence d'introduction ayant lieu en 1965 et suivant deux gamins allant s'aventurer dans un village déserté pour cause d'inondation imminente générée par la construction d'un immense barrage, pour d'abord s'amuser à casser quelques vitres avant d'entendre des voix plaintives, les poussant à aller voir de quoi il retourne, pour découvrir quelques individus enchaînés dans une cave, et notamment un personnage au visage couvert d'un drap noir que l'un des gamins va s'empresser de détacher, permettant ainsi à l'homme découvert au faciès inquiétant de le tuer de manière sanglante ( en lui déchirant le tête en deux ), provoquant la bien naturelle fuite du second enfant, le métrage nous présente son personnage principal, une demoiselle que nous allons d'abord suivre en plein cauchemar au cours duquel un vieillard va l'avertir qu'"il" revient, puis, réveillée en sursaut, sur une plage au bord de ce lac jouxtant le barrage, en compagnie d'une amie avec laquelle elle va aller se baigner pour être rejoint ensuite par un jeune homme qui après leur avoir fait une farce bien prévisible, va se noyer de façon suspecte.
L'intrigue avancera également ses autres personnages importants, un plongeur photographe venant ( comme par hasard...) faire un reportage sur la ville engloutie qui va rencontrer la mère de notre demoiselle vue auparavant, une journaliste pour une chaîne de télévision couvrant le quarantième anniversaire de la construction du barrage, pour ainsi mettre en avant des personnages plutôt stéréotypés ( l'homme semble alcoolique, tandis que la reporter semblera tout de suite et bien facilement sous son charme ) et la première séquence essayant de se montrer tendue ne parviendra qu'à favoriser son agencement bien trop proche des "Dents de la mer", film qui aura ici une influence certaine, malgré un thème bien éloigné.
Ensuite, après une plongée dans la ville engloutie assez réussie malgré des effets spéciaux trop visibles, le métrage alignera ses phénomènes mystérieux ( gardien du barrage qui entend son épouse décédée au téléphone, algues envahissantes, par exemples ) en plaçant bien évidemment au centre de l'intrigue ces trois personnages principaux qui vont peu à peu se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond jusqu'à ce qu'ils aillent chercher des renseignements auprès de l'homme exclu qu'est devenu le garçon survivant de l'introduction et découvrir la malédiction en passe de se réaliser qui va frapper la ville s'ils n'interviennent pas.
Hélas, le métrage aura largement tendance à partir dans toutes les directions, donnant l'impression d'avoir pioché ses ingrédients ici ou là, entre ce maire à l'attitude similaire à celui des "Dents de la mer" (tiens, tiens...), ces branchages prenant vie directement issus d'"Evil dead", ce prêtre sataniste au look ressemblant au "Tall Man" des "Phantasm" de Don Coscarelli jusque dans son regard mais avec un résultat largement en deçà, mais pourtant une ambiance proche de Lovecraft arrivera à se dégager lorsque l'intrigue s'attardera sur son aspect démonologique, rappelant même le "Dagon" de Stuart Gordon, notamment dans les splendides séquences sous-marines, même si les trucages employés pour la confection de celles-ci seront bien voyants.
Et si ces éléments auront quand même du mal à garder une cohérence globale, la vraisemblance de l'ensemble sera régulièrement mise à mal au travers d'événements incongrus et répétés ( la baby-sitter qui passe son temps à s'endormir au lieu de surveiller les deux enfants dont elle avait la garde en est l'exemple le plus flagrant, tandis que l'espèce de contamination qui va gagner certains habitants ne sera jamais clarifiée ), mais n'empêchera pas Brian Yuzna de céder aux délires auxquels il nous a habitué, surtout lors d'une séquence d'orgie rassemblant tous les habitants de la ville rendus déchaînés sexuellement par un "sort" jeté par le prêtre satanique, séquence qui tranchera furieusement et de manière inattendue avec le sérieux ambiant par son jusqu'au-boutisme forcené et délirant, alors que quelques scènes bien sanglantes viendront parsemer le métrage de façon régulière et volontaire ( le policier s'automutilant ).
L'interprétation ne brillera pas par son charisme, à cause d'interprètes fades et peu éloquents, tandis que la mise en scène de Brian Yuzna sera adaptée aux différentes situations, tout en ne livrant que peu d'efforts d'originalité à ce niveau-là.
Les effets spéciaux seront ici probants, graphique lorsqu'ils verseront dans un gore appuyé mais sans tomber dans l'outrance pour autant et les maquillages des monstres et zombies seront assez impactants, et donc seules les maquettes utilisées pour les séquences sous-marines demeureront visibles, avec des incrustations des personnages globalement loupées.
Donc, cette "Malédiction des profondeurs" se laissera suivre sans ennui, grâce à un renouvellement constant des situations et grâce à la bonne volonté évidente de son réalisateur de placer des situations horrifiques, mais ne créera jamais de tension ou de réelle implication du spectateur.
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