Lorsque Lloyd Kaufman, le patron de la firme "Troma", célèbre pour ses films au gore paillard et à l'humour gras et décalé, décide de s'emparer de la fameuse histoire de "Roméo et Juliette", cela donne ce "Troméo et Juliet", un métrage forcément loufoque et respectant tout à fait l'état d'esprit "autre" de la "Troma" !
Après une courte présentation de l'histoire et des personnages par Lemmy, le fameux chanteur de groupe de hard "Motorhead", le métrage s'applique donc à nous retracer l'histoire de ces deux familles en guerre depuis des années, mais ici nous aurons affaire à deux producteurs de films plus ou moins érotiques qui se sont chamaillés par le passé, entraînant dans leur querelle leurs familles respectives, dont les plus jeunes vivent dans les bas-fonds et sont de petits voyous, ne peuvent se croiser sans que cela finisse en bagarre générale, comme se sera le cas dans une des premières séquences qui nous permettra de découvrir des protagonistes complètement perturbés et débiles, mais terriblement drôles, aussi bien dans leurs travers que grâce à un comique de situation irrésistible et bien souvent irrévérencieux.
Et même l'inévitable rencontre entre un Troméo, déguisé en vache lors d'un bal masqué donné par ses ennemis, et une Juliette, végétarienne sur le point d'épouser contre son gré un riche héritier de l'industrie bouchère, sera placé sous le signe de la dérision mais avec quand même un minimum de romantisme bien vite brisé par la volonté déjantée de Lloyd Kaufman qui enchaînera ensuite des rebondissements hauts en couleurs et régulièrement farfelus jusqu'au final gentiment déplacé et en même temps satirique.
Mais une fois de plus, comme régulièrement dans les productions "Troma", l'intrigue ne servira bien évidemment que de prétexte à une accumulation de situations incroyables, versant tour à tour dans un gore volontaire mais souriant, ou dans un érotisme parfois quand même osé, le tout sur un fond de délire humoristique ne volant certes pas bien haut mais cédant bien souvent à la provocation dans un mauvais goût avéré et délibéré ( les penchants pédophiles du prêtre, par exemple ).
Les personnages traversant le métrage ne seront donc pas en reste pour alimenter le sentiment de folie et souvent même d'hystérie accompagnant l'ensemble, en étant aussi bien dépravés et flirtant avec l'inceste ( le père de Juliette qui n'hésitera pas à aller visiter sa fille en pleine nuit pour lui reprocher des soit-disants rêves érotiques ) que carrément stupides ( le gringalet à la coiffure impayable ) ou encore foncièrement brutaux ( ce Tyrone qui finira mal ! ), quand ils ne recèleront pas des relents d'homosexualité ou de lesbianisme.
L'interprétation est ici naturellement surjouée et excessive, mais cela restera bien dans le ton global du film, alors que la mise en scène de Lloyd Kaufman sera plus que dynamique, assurant ainsi un rythme constant et vif.
Les effets spéciaux, essentiellement tournés vers des plans sanglants, seront quand même primaires, mais on trouvera également plusieurs maquillages et d'autres effets plus probants ( l'accouchement très "spécial" ).
Donc, ce "Troméo & Juliet" nous offrira une bonne tranche de délire trash complètement fou, explosif, irrévérencieux et destructeur qui devrait ravir les fans d'humour déjanté et de situations impayables et grotesques, l'estampille de la "Troma", en quelque sorte !
|