Réalisé en 1968 par René Gainville (un illustre inconnu), Le démoniaque, tiré d'un roman de la série noire, se voudrait être un polar à la française, à l'image des films de Melville par exemple. Au lieu de ça, on a droit à un pur nanar. D'abord, au niveau de la mise en scène qui n'a rien de transcendant, il faut bien reconnaître que René Gainville nous donne du sous-Hitchcock : sont allègrement cités entre autres la corde (notamment lorsque des personnages sont assis sur un canapé, où l'on trouve en dessous un corps), Vertigo (lors d'une scène montrant un escalier) ou encore Soupçons. Par ailleurs, et c'est le problème principal du film : le casting. Il semblerait qu'il n'y ait aucune direction d'acteurs dans ce film. Celui qui est censé interpréter le démoniaque, à savoir François Gabriel, qui joue le rôle de Jay Delaney, est toujours en sur-jeu. On appréciera notamment les moments où il essaie de dominer sa belle-mère ; le jeu très lisse de l'acteur n'étant pas crédible du tout. L'acteur devient même involontairement très drôle lorsqu'il essaie de devenir fou (les mimiques qu'il fait sont vraiment hilarantes) ou carrément dans sa relation avec la seconde starlette, lorsqu'il joue le minet timide. En fait, Le démoniaque est un pur nanar et à ce titre le film est fort sympathique. On a droit à une énorme scène nanaresque entre un photographe et Fernande Brussette (jouée par une Alice Sapritch elle aussi en sur-jeu), le premier citant Saint-Paul. Les dialogues du film sont d'ailleurs à un niveau de bêtise assez incroyable. Ainsi, Alice Sapritch déclare au photographe : N'oublie pas ta bouteille de whisky, t'en auras besoin. Enfin, notons que le film est aussi particulièrement anémique sur le plan du scénario : on comprend que le manque d'un père (interprété par un Jess Hahn qui semble absent du film) explique le côté démoniaque de Jay Delanay mais cela n'est vraiment pas assez développé. En somme, Le démoniaque est un film mal joué, mal filmé, mal scénarisé, mais la combinaison de tous les défauts du film en font un nanar sympathique. A voir éventuellement, mais en connaissance de cause.
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