Avec L'homme de la plaine (son titre original plus évocateur est The man from Laramie), Anthony Mann réunit en 1955 son acteur fétiche, James Stewart. Toujours aussi excellent, Stewart incarne dans ce western le rôle de Will Lockhart, un genre de cow-boy. Le réalisateur Anthony Mann se montre comme un véritable esthète de la nature mais dans le même temps il peint un portrait assez pessimiste de la nature humaine. L'une des premières scènes du film est d'une violence inouie, lorsque des cowboys du ranch de Alec Waggoman détruisent des chariots de Lockhart et tuent certaines de ses mules. La violence de cet événement est proche de ce qu'on retrouvera plus tard dans le western italien, mais à cette époque on a jamais ça chez John Ford ou chez Hawks. On est ici loin de l'Amérique idéale. Tous les personnages du film, à commencer par Will Lockhart, sont ambigus. La frontière est faible entre ceux qu'on considère comme les méchants et ceux qu'on considère comme les gentils. C'est d'ailleurs ce qui fait que ce film est émotionnellement très fort. On assiste ici à une véritable tragédie familiale. Par ailleurs, en plus de ce drame, Anthony Mann a une considération sociale dans son film : la lutte de Lokhart contre la famille Waggoman ressemble fort à la lutte du petit face au gros propriétaire terrien. La notion de propriété est essentielle dans le film. Au final, ce western se révèle très fort sur le plan émotionnel. Un film à voir absolument.
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