Méconnu du grand public, Delmer Daves est un des plus grands auteurs de westerns des années 50 (La flèche brisée ; La dernière caravane), au même titre que les immenses Anthony Mann ou Budd Boetticher. Delmer Daves filme toute la beauté de la Nature (ici dans un Technicolor flamboyant) mais il peint surtout la noirceur de l'être humain. La colline des potences met en scène trois acteurs de premier plan : Gary Cooper qui joue le docteur Joe Frail ; Maria Schell qui joue le rôle d'Elizabeth Mahler et Karl Malden celui de Frenchy. Gary Cooper (qui a incarné au fur et à mesure que sa carrière avancait des rôles de plus en plus ambigus) incarne un personnage particulièrement cynique, désabusé. Avec son habit en noir, il fait penser plus à un prédicateur ou à un croquemort qu'au médecin qu'il représente. Il faut dire qu'il se trouve à Skull Creek, qui représente la ville du vice avec des chercheurs d'or, des prostitués et des gens qui ne font que boire et jouer aux cartes. A l'inverse du docteur Joe Frail, il y a le personnage d'Elizabeth Mahler (qui est d'ailleurs soigné par le docteur Frail) qui représente l'être idéal un peu naïf. Au début du film elle est aveugle et elle ne voit pas le monde malfaisant qui l'entoure. Elle reste de toute façon un être innocent, même lorsqu'elle recouvre la vue. Le personnage de Frenchy représente pour sa part la population de Skull Creek qui souhaite avant tout s'enrichir en trouvant des pépites d'or. La colline des potences n'est pas un western d'action. Il s'agit au contraire d'un western assez contemplatif. On est plus proche du drame qu'autre chose. Le film, rempli de personnages ambigus ou carrément sans morale (comme le prouve une des scènes de fin, qui explique le titre du film), est assez pessimiste sur la nature humaine, même si l'on a droit à une happy end. Très grand western qui s'intéresse à la condition humaine, La colline des potences mérite amplement d'être (re)découvert.
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