Réalisé en 1949 par l'immense réalisateur américain John Ford, La charge héroïque est certes un western mais s'apparente plutôt à une chronique de la vie au sein d'une garnison de cavaliers. Le film se déroule en 1876. D'ailleurs, il est une suite directe du massacre de Fort Apache. Le début du film rappelle d'ailleurs le massacre des troupes du général Custer. L'introduction du film fait également référence à La chevauchée fantastique avec une diligence que l'on voit partie à vive allure.
Mais revenons au titre du film, La charge héroïque est en mesure d'induire en erreur le spectateur français. En effet, le titre original du film est beaucoup plus évocateur de ce que l'on voit à l'écran : She wore a yellow ribbon, à savoir elle portait un ruban jaune. Dans La charge héroïque, outre quelques scènes d'action entre les cavaliers et les Indiens, il y a principalement deux intrigues : la première de celle-ci fait écho au titre original du film. Olivia Dandridge (jouée par Joanne Dru), la nièce du commandant du camp, arbore dans le film un ruban jaune ce qui signifie qu'elle est déjà prise sur le plan sentimental. Mais malgré cela, deux cavaliers, le lieutenant Flint Cohill (interprété par John Agar, que l'on retrouvait un an plus tôt dans Le massacre de Fort Apache) et le sous-lieutenant Penell (Harry Carey Junior) tentent d'obtenir ses faveurs. Cela donne lieu à plusieurs scènes assez drôles et assez romantiques. La seconde intrigue, qui est même le coeur du film concerne le capitaine Nathan Brittles, lequel n'a plus que 6 jours avant d'être à la retraite. John Wayne incarne cet homme vieillissant qui a tout donné pour l'armée et qui demeure fier de ses hommes. John Wayne tient là un de ses rôles les plus émouvants, aussi bien dans les relations fraternelles qu'il a avec ses hommes (lesquelles lui rendent bien en lui offrant une très belle montre en argent à la fin du film) qu'au moment où il vient se recueillir sur la tombe de sa défunte épouse (scène très forte émotionnellement qui se déroule dans un décor de studio avec des couleurs rouges très voyantes). Le personnage de Nathan Brittles est aussi celui d'un homme qui s'est toujours montré loyal envers les Indiens, comme le prouve une des scènes de fin. Au final, John Ford livre dans ce film plus une chronique qu'un véritable western (les seuls morts sont d'ailleurs des trafiquants d'armes) : on nous montre un officier nostalgique et aimant par dessus tout son métier ; un sous-officier très porté sur la bouteille mais fort sympathique ; des jeunes quelque peu effrontés mais prêts à prendre la relève ; une femme qui est au coeur de l'intrigue sentimentale du film, etc. En fin de compte, La charge héroïque est un vibrant plaidoyer humaniste de la part de John Ford. Notons qu'une fois de plus, les cadrages du réalisateur sont au top et la mise en scène permet d'apprécier au plus haut point les paysages de Monument Valley. D'autant que ce film est en couleurs. En somme, encore un film important de John Ford.
|