Réalisé en 1948 par l'immense réalisateur américain John Ford, Le massacre de Fort Apache fait écho à un fait historique qui a réellement eu lieu : le massacre des troupes du général George Armstrong Custer le 25 juin 1876 face à celles de l'Indien Sitting Bull à Little Big Horn. Dans ce film, John Ford s'intéresse à la cavalerie américaine et plus précisément à ses us et coutumes qui ont lieu au sein d'une garnison. Cette garnison, c'est Fort Apache, où est envoyé le colonel Owen Thursday (interprété par un excellent Henry Fonda dans un rôle assez difficile). Ce dernier incarne un homme rigide qui, pour son ambition personnelle, veut que l'on entende parler de Fort Apache. Mais Ford ne se focalise pas uniquement sur ce personne, lequel est d'ailleurs plus nuancé que l'on pourrait le penser (lorsque Thursday porte un regard tendre et protecteur envers sa fille, lorsqu'il vient s'excuser auprès de ses soldats lorsqu'il comprend que la fin est proche). Ford s'intéresse dans la première moitié du film à nous narrer la vie à l'intérieur d'une garnison : on a droit à des relations presque fraternelles entre de nombreux soldats ; on a de nombreuses scènes humoristiques par le biais de la discipline (vestimentaire notamment) voulue par par le colonel Thursday qui est tournée en dérision, par l'apprentissage des militaires lorsqu'ils apprennent à monter à cheval ou encore lorsque des militaires ivres se retrouvent de corvée. Le film de John Ford évoque également l'idylle entre la fille du colonel Thursday, Philadelphia (interprétée par Shirley Temple) et le lieutenant Michael O'Rourke (John Agar). D'ailleurs, O'Rourke la demande en mariage mais Thursday refuse ce mariage, en raison notamment des différences sociales. La seconde partie du métrage évolue progressivement vers le drame avec le colonel Thursday qui refuse d'écouter le capitaine York et mène ses troupes vers une destinée tragique. Le personnage du capitaine York, interprété par John Wayne, montre de façon évidente que ce film est pro-indien. Avec John Ford, on est bien loin du film manichéen avec de gentils cavaliers américains et de méchants indiens. Le capitaine York est d'ailleurs le représentant du réalisateur, ayant bien compris que les indiens ne souhaitent pas la guerre mais avant tout rester en paix. D'ailleurs, le capitaine York a dans le film une entrevue amicale avec Cochise, le chef des Indiens. Plus tard dans le film, Cochise dira : « Il ne faut pas qu'une nation ne pense qu'à faire la guerre ». On notera que la guerre a lieu car Thursday n'est pas prêt à comprendre le point de vue des Indiens, les prenant pour de simples sauvages. Portant un regard loin de toute caricature sur les Indiens, John Ford n'en n'oublie de porter un regard juste sur l'Histoire : en effet, lorsqu'à la fin, le capitaine York, survivant du massacre, dresse un tableau idyllique du combat mené par le colonel Thursday, ce n'est pas tant pour revaloriser Thursday mais plutôt parce que l'Amérique et les militaires ont besoin de héros pour la suite. La fin du film reste d'ailleurs optimiste, montrant que malgré cet épisode malheureux, la vie continue (le lieutenant Michael O'Rourke a pu épouser Philadelphia et a eu un enfant d'elle ; les cavaliers sont prêts à nouveau à porter haut et fort les couleurs de la nation américaine). Bénéficiant d'un casting 3 étoiles, d'une superbe mise en scène qui montre une fois de plus toute la beauté des paysages arides et désertiques des Etats-Unis, d'une histoire passionnante, d'une nuance dans le propos, Le massacre de Fort Apache est un western essentiel.
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