Avec Matador, Pedro Almodovar réalise une de ses oeuvres les plus abouties et les plus étranges. Hommage très claire à son maître Luis Bunuel, Matador montre des personnages torturés ce qui se ressent dans leur quotidien. On retrouve avec deux des des personnages principaux, à savoir Diego Montes, un toréro à la retraite et Maria Cardenal (jouée par la très sensuelle Assumpta Serna), qui aime à tuer ses amants lors des ébats amoureux (ce qui fait d'elle une sorte de mante religieuse), des sentiments particulièrement antagonistes. En effet, les notions d'Eros (notion de désir) et de Thanatos (la mort) auront rarement été poussées autant à leur paroxysme. Les deux personnages principaux jouent à une sorte de jeu du chat et de la souris dans un film aux allures de thriller. Au milieu de tout ça, on retrouve un jeune Antonio Banderas qui joue le rôle d'Angel, un homme perturbé sur le plan sexuel (comme le montre une des premières scènes du film à la fois drôle et pathétique) et qui souffre de l'omniprésence de sa mère (on se croirait quelque part dans du Hitchcock). Ce personnage est essentiel car il fait le lien entre Diego Montes et Maria Cardenal. Le film, qui se déroule dans une ambiance étrange, se termine en apothéose dans une scène finale qui réunit à jamais les deux amants. Particulièrement travaillé sur le plan esthétique et bien interprété, Matador est une des oeuvres majeures de Pedro Almodovar.
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