Réalisé en 1989 par le grand cinéaste français Louis Malle, juste après le gros succès de son intéressant (mais à mon sens surestimé) Au revoir les enfants, Milou en mai est une œuvre douce-amère, marquée par la nostalgie de la fin d’une époque.
Brillamment interprété par Michel Piccoli dans le rôle d’Emile dit Milou, Miou-Miou et Dominique Blanc, ce film est un concentré d’émotions, qui utilise intelligemment les ressorts de la chronique familiale.
Sur une trame qui n’a rien de neuve, à savoir le rassemblement d’une famille qui, après la mort d’une vieille parente, est visiblement plus préoccupée par l’héritage ou l’actualité politique (le film se déroule en mai 1968, période de troubles très connue), Louis Malle dissèque avec la rigueur d’un entomologiste les comportements des membres de la famille et les confronte aux troubles politiques qui touchent de plein fouet la France à cette époque. Il brosse une galerie de portraits très justes, montrant les hommes avec leurs qualités et leurs défauts.
Comme dans le magnifique Atlantic City, le cinéaste observe sans mépris ses personnages emportés par un rêve illusoire, utopique, qui restent dans leur bulle, à l’écart. Ceux-ci ne prennent pas conscience de l’importance des événements socio-politiques de l’époque et se trompent sur leur signification.
Pourtant, le décès de la parente marquait clairement la fin d’une époque. Cela dit, certains des protagonistes changent malgré tout et peut-être redonnent un sens à leur vie oisive et neutre.
Finement observé, Milou en mai est un très beau film qui épouse le mouvement de la vie, entre rires et larmes, égoïsme et tendresse, tout en dressant en filigrane un saisissant témoignage de cette époque troublée, justement par le biais de ses personnages qui semblent étrangers à l’actualité politique mais qui ne peuvent totalement l’ignorer.
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