Grand maître de l’érotisme made in Italie, auteur des célèbres Salon Kitty et Caligula mais aussi des chefs d’œuvre érotiques que sont notamment Miranda, Paprika ou encore All ladies do it, Tinto Brass offre avec La clé (qu’il a tourné en 1983) l’un de ses films les plus aboutis. Le film s'offre d'ailleurs un casting assez étonnant avec dans le rôle féminin principal Stefania Sandrelli (actrice alors quelque peu sur le déclin, auparavant vu dans des chefs d'oeuvre tels que Nous nous sommes tant aimés d'Ettore Scola ou encore Le conformiste de Bertolucci), âgée de 37 ans (et particulièrement sensuelle). Le film est une ode fétichiste à la femme et surtout à son postérieur, comme la plupart des autres films de Brass. Erotomane notoire, le cinéaste n’en finit pas de dérober des plans voyeurs débordant de sensualité qui célèbrent les formes affriolantes de la très belle Stefania Sandrelli qu’il nous dévoile pour le plus grand plaisir du spectateur. Alors que la plupart des films érotiques contemporains et des films pornographiques ne sont basés que sur un sexe froid, dévoilant les formes comme de la simple chair et reposant surtout sur la performance, Brass a toujours refusé cette tendance, préférant mettre en scène des actrices 100% naturelles et n’hésitant pas à montrer des hommes loin d’être des Don Juan, parfois âgés mais toujours possédant un insatiable appétit sexuel. Jouant habilement sur une ambiance rétro admirablement retranscrite et multipliant les effets de miroir qui reflètent à l’infini la beauté des formes féminines, Brass réalise comme à son habitude un film débordant de vitalité, trivial et jouissif, porté par une héroïne superbement filmée. Dans le rôle de l'époux trompé, on retrouve Frank Finlay (qui a joué notamment pour des réalisateurs Michael Winner, Stephen Frears ou encore Richard Lester). Le film n'est pas seulement un très beau film érotique. C'est aussi une réflexion sur une bourgeoisie en plein déclin, sur des relations de couple, sur l'adultère et évidemment sur le plaisir immédiat (que l'on voit lors des nombreuses scènes entre les amants). En somme, on a droit à l'un des films érotiques essentiels de l'histoire du cinéma. A consommer sans modération.
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