Dracula, prince des ténèbres :
Avec son Dracula prince des ténèbres, l'incontournable Terence Fisher a opté pour un scénario assez original. Partant du principe que Dracula avait été vaincu, il s'est dit qu'il pourrait être intéressant de le faire revivre, en mettant du sang humain frais à l'endroit où il repose. Sinon, l'intrigue est globalement la même : des personnes se retrouvent dans le château du comte Dracula. La différence est que l'on ne voit que très tardivement Dracula dans le métrage par rapport à d'habitude. Ici, on a droit avant tout à la présence de son fidèle serviteur. Mais si le maître des lieux n'est pas présent, on sent indibutablement une présence étrange, ce que fait ressentir parfaitement la caméra de Fisher. Par ailleurs, comme d'habitude dans les films de la Hammer, un très grand soin a été apporté au travail sur les couleurs. Christopher Lee joue une fois de plus le rôle de ce Dracula tout à la fois intrigant et dangereux. Si le film met un peu de temps à démarrer et l'intrigue est assez convenue vers la fin, le film se suit avec un certain plaisir.
7/10
Les sorcières :
Pur produit de la Hammer, Les sorcières révèle pourtant un film assez original de la part de la célèbre firme anglaise. En effet, on est bien loin des atmosphères gothiques avec Christopher Lee et Peter Cushing. Ici, la scène d'introduction nous amène en Afrique avec l'actrice Joan Fontaine (actrice culte, notamment chez Hitchcock) avec une histoire qui pourrait s'apparenter à du vaudou. Ensuite, Joan Fontaine, qui interprète un professeur retourne en Angleterre dans un village.
Le film Les sorcières est clairement divisé en trois parties : dans la première le réalisateur instaure un climat d'étrangeté où chacun semble être observé (on pense au film Le village des damnés) et où des événements étranges se produisent (coma, noyade, etc.). Les enfants qui sont très présents dans le film sont souvent accompagnés de poupées (rites de possession ?). La seconde partie montre une sorte de paranoia de la part du professeur joué par Joan Fontaine qui semble être victime des membres de ce village. La dernière partie met quant à elle l'accent sur le côté sorcellerie du métrage ; vu l'époque du tournage du film il y a en filigranes une critique des sectes (la secte de Charles Manson). Film assez atypique de la part de la Hammer, Les sorcières (qui constitue le dernier film dans lequel a joué Joan Fontaine) bénéficie d'un scénario solide et d'une esthétique très soignée. Un film à découvrir.
8/10
La femme reptile :
La femme reptile a été réalisé en 1966 par John Gilling (auteur notamment un an auparavant de l'excellent L'invasion des morts-vivants). Il s'agit d'un film d'épouvante de la Hammer qui joue cette fois sur l'idée de malédiction dont le mystère ne sera révélé qu'à la fin du film. La femme reptile est un film de monstre assez original.
Pourtant, le pitch de base est assez simple : Harry Spalding, dont le frère est décédé dans d'étranges circonstances, se rend en Cornouailles (un comté de l'Angleterre) sur les lieux de la disparition avec son épouse. Là ils demeurent dans la maison du frère décédé. Ils font alors la connaissance du docteur Franklyn (interprété par Noël Willman) et de sa fille Anna (interprétrée par une excellente Jacqueline Pierce), qui semble très étrange.
Le film ne cesse de jouer sur des meurtres qui ont lieu dans des conditions inconnues, avec comme seul point commun une morsure de serpent. On comprend également qu'une relation assez trouble unit le docteur Franklyn et sa fille. Le film est parsemé de scènes particulièrement étranges, qui donnent à celui-ci une ambiance quasi malsaine, renforcée par le caractère très bizarre d'Anna. La fin du film, qui aboutit à la révélation du mystère, est très belle sur le plan esthétique et assez forte sur le plan émotionnel.
Seul petit défaut du film : des effets paraissant un peu kitschs aujourd'hui, principalement par le côté rudimentaire des maquillages du monstre. Mais cela reste un défaut mineur.
Superbement mis en scène, bénéficiant de très beaux décors, d'une superbe photo et d'un scénario assez original (voire tordu), La femme reptile est une des grandes réussites de la Hammer et le meilleur film de John Gilling.
8,5/10
Raspoutine le moine fou :
Raspoutine, le moine fou prouve une nouvelle fois que la Hammer n'a pas produit que des films gothiques. Cependant, dans ce film réalisé par Don Sharp (connu notammnent pour Le masque de Fu Manchu et Les 13 fiancées de Fu Manchu), on trouve bien dans le rôle principal du célèbre moine russe Raspoutine l'un des acteurs fétiches de la Hammer, à savoir le grand Christopher Lee. Affublé d'une fausse barbe, Christopher Lee représente un Raspoutine réellement démoniaque (le personnage faisant penser à une sorte d'incarnation du diable, même si le film ne comporte pas vraiment d'élément fantastique et est bien ancré dans la réalité). Le film de Don Sharp suit de manière assez fidèle la vie de Raspoutine : il s'agit d'un être manipulateur qui au premier aspect pourrait paraître sympathique (comme au début du film où il se met à danser pour s'amuser avec autrui ou lorsqu'il guérit une personne qui a la fièvre) mais qui ne cherche finalement qu'une chose : obtenir le pouvoir. Le film de Don Sharp montre parfaitement la volonté permanente de pouvoir de Raspoutine. A la différence de nombreux films produits par la Hammer, il n'y a pas là une once d'humour. Le personnage de Raspoutine, qui est propre à créer à des miracles réussit finalement ce qu'il souhaite, à savoir s'intégrer au sein de la cour de la tsarine et la met sous son influence après avoir notamment soigné son fils. Le film est très soigné sur le plan esthétique et bénéficie, notamment dans les scènes de fin, de superbes jeux de lumière où l'on ne voit plus que les visages des personnages principaux. La fin du film est également fidèle à l'histoire de Raspoutine. En somme, il s'agit là d'un très bon Hammer, original et particulièrement ancré dans la réalité. A voir de toute urgence.
9/10
Les vierges de Satan :
Réalisateur numéro 1 de la célèbre firme Hammer, le grand Terence Fisher, auteur des remarquables Le cauchemar de Dracula, La malédiction des pharaons ou encore Le retour de Frankenstein, met en scène en 1968 Les vierges de Satan. Ecrit par l’excellent Richard Matheson, fameux écrivain spécialisé dans le fantastique à qui l’on doit les romans Je suis une légende ou La jeune fille la mort et le temps mais aussi scénariste réputé des scripts de la série de films de Roger Corman consacrés à Edgar Poe et du génial Duel de Steven Spielberg, Les vierges de Satan laisse tomber les ambiances gothiques qui ont fait le succès de la Hammer. Le film traite de manière réaliste et quasi-documentaire du satanisme et de ses messes noires. Fisher soigne particulièrement l’esthétique de son film, comme à son habitude, et livre un opus au rythme frénétique et très efficace. Le travail sur les couleurs est superbe, mélange de tons lumineux et de tons sombres qui sied parfaitement à la dualité d’un monde constamment partagé entre le bien et le mal. Les vierges de Satan perd le spectateur entre fantasmes, rêves et réalité, ce qui donne au film un côté très moderne qui tranche avec l’esthétique gothique habituelle de la firme. Le fait que le métrage se déroule à l’époque contemporaine renforce encore ce sentiment. Pour une fois, le grand Christopher Lee interprète un personnage positif (bien que toujours assez froid) et Charles Gray apporte un charisme certain dans le rôle du sataniste. Terence Fisher livre ici une de ses incontestables réussites, fascinant guide pour le satanisme.
9/10
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