Réalisé en 1980 par le grand cinéaste américain William Friedkin auteur des classiques que sont French connection ou L’exorciste mais aussi d’une série de films formidables comme Le convoi de la peur, Police fédérale Los Angeles ou encore le récent génial Bug, Cruising est l’un de ses films les plus controversés.
Polar glauque se déroulant dans le milieu gay sado-masochiste new-yorkais, Cruising est cependant une expérience très intéressante. Décrivant avec une rigueur quasi-documentaire ce milieu méconnu, Friedkin livre un film déconcertant, qui se refuse à suivre les codes tout tracés du thriller. Ce qui intéresse Fredkin n’est pas tant l’enquête policière que le fait de dresser le portrait ambigu d’un homme doutant quelque peu de sa sexualité. Porté par la performance très convaincante d’Al Pacino dans le rôle principal de Steve Burnes, Cruising est un film lancinant qui montre un homme perdre tous ses repères, qu’ils soient moraux, sociaux, affectifs ou sexuels, dans un milieu qui le fascine inconsciemment et qui finit par dominer son existence. Alors que Pacino est au départ juste un policier hétérosexuel chargé d’infiltrer le milieu gay afin de confondre un tueur qui sévit à New York, il finit par s’y fondre totalement et même par douter de sa propre sexualité. Et plus il s’y fond, plus il ressent ce que doivent ressentir les homosexuels : la souffrance d’être différent, la marginalité,… L’homme est une énigme, nous dit tout au long de sa filmographie William Friefkin, et Cruising ne fait pas exception à la règle.
Le dénouement du film prolonge encore l’ambiguité ressentie pendant tout le métrage et laisse planer un doute sérieux, répondant par là-même à la phrase annoncée au tout début du film qui énonçait que le film était inspiré d’une série de crimes commis à New York entre 1973 et 1979 et dont beaucoup sont restés des énigmes.
Au final, Cruising est une des œuvres les plus curieuses de Friedkin mais aussi l’une de ses plus troublantes.
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