Réalisé en 1986 par le prolifique cinéaste italien d’exploitation Joe D’Amato, auteur des célèbres Blue holocaust ou Anthropophagous, Le couvent des pécheresses est une adaptation (assez libre) du roman de Diderot : Suzanne Simonin, la religieuse, déjà adapté (mais dans un tout autre style, cela va sans dire !) en 1968 par le grand cinéaste français Jacques Rivette dans le chef d’œuvre cinématographique qu’est La religieuse, modèle d’austérité et de rigueur. Ce qui n’est pas le cas de Le couvent des pécheresses, loin s’en faut ! Joe D’Amato ne sera jamais Jacques Rivette et opte pour le pur produit d’exploitation. Après le délirant Images d’un couvent, D’Amato revient à la nunsploitation.
Le couvent des pécheresses décrit le chemin de croix vécu par la jeune Suzanne après avoir été violée par son beau-père. Après l’incident, pour éviter le scandale, Suzanne est envoyée dans un couvent. Mais son refus d’endosser le noviçat va impliquer de tragiques conséquences. Vu comme cela, la trame peut sembler extrêmement sérieuse. Cependant, dès la première scène, qui montre le viol de Suzanne, filmé avec une grande complaisance, introduisant des très gros plans du pubis de la charmante Eva Grimaldi (qui « interprète » Suzanne), le ton est donné ! D’Amato va faire du D’Amato ! Cela dit, Le couvent des pécheresses est certes racoleur, parfois vulgaire, mais se suit sans déplaisir, certaines scènes étant même plutôt esthétiquement soignées, comme celle où, dans une ambiance surréelle, les nonnes prennent ensemble leur bain.
D’Amato suit malgré tout, bien que grossièrement, la trame du roman de Diderot, et essaie de traiter du refoulement du désir et de la frustration sexuelle, le naturel du cinéaste revenant cependant vite au galop et se traduisant ici par une injection abondante de scènes érotiques !
La scène finale est plutôt réussie, qui confronte Suzanne à un clergé rigoriste et borné qui la juge coupable, où même le jeune prêtre amoureux de Suzanne finira par la trahir. D’Amato parvient à instaurer une tension réelle, qui fait prendre faits et causes pour Suzanne, brisée à jamais par une Eglise corrompue et intransigeante, renvoyant presque aux heures sombres de l’Inquisition. Le spectateur sait pourtant que rien n’y fera et que le destin de Suzanne ne pourra qu’être fatal.
Si Le couvent des pécheresses est loin d’être un chef d’œuvre, il demeure assez intéressant et fait partie des réussites de D’Amato.
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