Réalisé en 1983 par le cinéaste italien Pasquale Festa Campanile, spécialiste de comédies, à qui l’on doit les excellents La libertine / L’amour à cheval (avec Jean-Louis Trintignant et Catherine Spaak) et Ma femme est un violon (avec Laura Antonelli), La fille de Trieste n’a cependant rien d’une comédie.
Il s’agit plutôt d’un drame mystérieux et sensuel qui va confronter deux personnages que tout semble opposer : Dino, dessinateur désabusé (interprété majestueusement par Ben Gazzara, acteur fétiche de John Cassavetes) et l’énigmatique Nicole (la sublime Ornella Muti, qui dégage ici une incroyable sensualité). Dans un climat moite et ambigu, Festa Campanile crée un suspense passionnant, basé sur la simple question : qui est donc la belle Nicole ?
Dégoûté de la vie, Dino va progressivement être fasciné par Nicole et va chercher à en percer le mystère quand il découvrira que la charmante jeune fille ne cesse de lui mentir et de jouer avec lui, s’inventant un époux imaginaire par exemple. Le couple formé par Gazzara et Muti, qui avait déjà tourné ensemble dans le génial Conte de la folie ordinaire de Marco Ferreri, fait des étincelles, constamment écartelé entre le désenchantement de Gazzara et la fraîcheur de Nicole.
Pasquale Festa Campanile ne raconte finalement qu’une magnifique histoire d’amour, dont l’issue ne peut hélas qu’être inexorable, ce qui en renforce l’émotion et l’impact. Car au contact de Nicole, Dino reprend goût à la vie, est capable d’aimer à nouveau. Nicole lui permet de renaître. Mais plus Dino renaît, plus le mystère de Nicole se lève, entraînant paradoxalement le spectateur vers des zones inconnues et malaisantes. Egalement interprété par Mimsy Farmer et Jean-Claude Brialy, La fille de Trieste est un film souvent bouleversant, démontrant que Pasquale Festa Campanile est aussi capable de réaliser un drame puissant. C’est sans aucun doute l’un de ses films les plus aboutis, qui laisse une trace étrange après le visionnage du film.
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