Adapté fidèlement du roman de Peter Straub, ce "Fantôme de Milburn" nous livre une "ghost story" envoûtante, et ce malgré le caractère classique de son intrigue.
En effet, le script place quatre personnes âgées face au sinistre secret les unissant qui va revenir les hanter de façon mortelle.
Après une rapide séquence d'introduction nous montrant plusieurs vieillards en proie à des cauchemars, le métrage replace ces personnages qui nous sont présentés comme étant rassemblés dans la "société de la Chaudrée", un petit cercle qui permet à ces quatre hommes de s'amuser à se raconter des histoires terrifiantes tout en sirotant du cognac et en fumant des cigares.
Ensuite, l'intrigue va mettre en place le décès d'un nouveaux protagoniste, qui va passer au travers d'une fenêtre et s'écraser quelques étages plus bas, après avoir découvert dans son lit une jeune femme dont le visage se révélera être complètement décomposé, pour une première séquence horrifique et graphique, alors que nous apprendrons qu'il s'agit d'un des deux fils de l'un des membres de la "société de la Chaudrée", entraînant ainsi le retour dans sa ville natale du second rejeton, où il va mener l'enquête, surtout que son père sera la seconde victime de ce spectre au faciès putréfié.
Tout en alignant d'autres événements et sous-intrigues ( le membre d'une société occulte échappé de l'asile venant lui aussi intimider les personnages principaux, par exemple ), le métrage va peu à peu mettre en place son puzzle macabre, notamment lorsque le fils viendra raconter à son tour à la "société de la Chaudrée" un épisode fantomatique de sa vie, au cours d'un long flash-back aussi émouvant qu'empreint d'une tension palpable, ayant comme par hasard un rapport direct avec l'affaire servant de fil conducteur au film et, alors qu'un second membre de la confrérie est lui aussi victime du fantôme, le mystère va enfin nous être dévoiler pour un autre flash-back d'abord léger pour ensuite connaître une issue douloureuse, amenant les personnages vers un final classique mais captivant, malgré un côté quelque peu bâclé.
Tout en imposant très vite son appartenance au genre horrifique avec cette première séquence volontaire et nous laissant déjà largement voir le spectre qui va hanter par la suite les protagonistes, le métrage n'en oscille pas moins entre plusieurs genres, en flirtant régulièrement avec le drame, familial tout d'abord en laissant les relations plutôt houleuses entre le père et son fils s'afficher, puis en mettant en scène la dramatique fin de cette demoiselle qui aura séduit les quatre membres de la "société de la Chaudrée" dans leur jeunesse, alors que l'étude du comportement des vieillards dont l'apparente sérénité s'évaporera pour laisser sa place à une peur profonde occupera une bonne part du métrage, tout en laissant sporadiquement la fantastique pur venir se mêler à l'ensemble pour nous offrir quelques scènes efficaces et stressantes ( les apparitions du fantôme, mais aussi les rêves étranges fait par les vieillards ).
Bien entendu, les différents protagonistes nous seront ici longuement dépeints, mais sans que l'intrigue ne rentre dans des détails superflus pour s'attacher plutôt à divers éléments se rattachant tous au thème principal, et l'interprétation plus que convaincante participera activement à rendre l'ensemble captivant, grâce à la performance impeccable de Fred Astaire ( dont ce sera le dernier rôle au cinéma ), mais également avec les prestations remarquables de John Houseman, de Melvyn Douglas et du "jeunot" Craig wasson, alors que Alice Krige est parfaite dans son rôle de beauté vénéneuse et un peu perverse.
La mise en scène de John Irvin est efficace et adaptée, notamment en laissant l'action se dérouler sans trop s'investir.
Les effets spéciaux, s'ils ont parfois quand même vieilli ( la chute du début du métrage ), restent probant dans la maquillage du spectre très graphique.
Donc, ce "Fantôme de Milburn", même s'il aura quand même du mal à résister pleinement à l'épreuve du temps, n'en demeurera pas moins une excellente histoire de fantôme prenante, au suspense de tous les instants et à l'impact évident !
|