Réalisé aux Etats-Unis en 2000 par le cinéaste anglais Michael Radford, auteur entre autres du superbe 1984 et de Le facteur, Dancing at the Blue Iguana s’attache à décrire de manière quotidienne le fonctionnement d’un club de strip-tease. Au vu du thème, le film de Radford tombe très rarement dans la complaisance. Si quelques strip-teases sont parfois filmés de manière racoleuse, Radford s’intéresse avant tout aux personnages qui font fonctionner le club, des strip-teaseuses au gérant, en passant par le barman.
Sans jamais tomber dans le mépris, le cinéaste anglais montre ses protagonistes dans la vie de tous les jours. Si le spectacle doit continuer, il n’en demeure pas moins que les strip-teaseuses sont des femmes comme les autres, exerçant seulement un métier qui leur permet de survivre. De même, le gérant doit faire tourner le club, tout en préservant la sécurité de ses employés.
Radford utilise efficacement le récit polyphonique, qui permet de s’intéresser à tout le monde. Il n’y a pas de personnages principaux, seulement des personnes qui essaient tant bien que mal de subsister et de vivre leur vie.
Entre rêves impossibles, désir de maternité, recherche d’une histoire d’amour, tracas quotidiens, mépris, regards pervers, chaque personnage se bat envers et contre tout, malgré la réputation humiliante de la profession.
Le regard tendre de Radford fait ressortir l’humanité de chacun et la solidarité qui en découle, renforcées par l’interprétation émouvante des actrices, de Darryl Hannah à Sandra Oh, en passant par la mignonne Charlotte Ayanna et la sauvage Jennifer Tilly. Pour faire rêver des milliers de gens, le spectacle doit continuer à tout prix, condamnant le désir d’évasion des filles.
Bénéficiant d’une belle photographie, Dancing at the Blue Iguana est un film souvent attachant, qui fait parfois penser au sublime Exotica d’Atom Egoyan, sans toutefois la profondeur et le côté tordu du film d’Egoyan.
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