Avec ce "The torturer", le réalisateur italien Lamberto Bava confirme qu'il restera bien dans l'ombre de son illustre père, en nous proposant ici un métrage certes dans la lignée des "giallos" des années soixante-dix remis au goût du jour, mais terriblement racoleur dans son érotisme bon marché, tout en demeurant parfois jouissif dans la représentation des sévices infligés à de jeunes demoiselles peu farouches, hélas gravitant autour d'une intrigue simpliste et guère originale.
Le script suit une jeune femme qui va pénétrer l'univers tourmenté d'un jeune auteur de théâtre macabre, dans le but de retrouver une amie ayant justement passé une audition auprès de cet homme avant de disparaître.
Après un générique prometteur et terriblement graphique nous montrant une jeune femme subir diverses tortures, dans un style proche du "hostel" d'Eli Roth, le métrage nous présente son personnage principal, Ginette (!), une jeune étudiante se rendant dans un théâtre afin d'y passer une audition qui sera mise en avant pour essayer de créer un climat trouble, notamment grâce à la mise en scène de cette entrevue très voyeuriste et par les questions et les demandes presque scabreuses du maître des lieux, que nous découvrirons ensuite comme étant un jeune auteur spécialisé dans les oeuvres macabres et violentes, extrêmes.
Bien entendu, la demoiselle va tomber dans les bras de son nouveau mentor, ce qui nous vaudra un brin d'érotisme assez basique, mais mettant en valeur la plastique irréprochable de l'actrice, tout en commençant à rendre mystérieux et dangereux ce jeune homme vraisemblablement tourmenté et violent.
Ensuite, l'intrigue s'attachera à poursuivre la découverte du monde de cet auteur étrange à l'entourage pour le moins bizarre, entre sa mère qui entend des voix et son beau-père qui lui sert d'impresario vivant dans une villa au style presque gothique, tout en amenant sporadiquement des "flashes" nous ramenant dans le décor du générique pour y suivre de nouveaux sévices et en nous faisant suivre de nouvelles auditions d'autres demoiselles peu farouches.
Alors bien sûr, le fil conducteur du métrage, avec cette amie disparue qui motivera l'héroïne à suivre son suspect, sera bien mince et vite abandonné pour ne devenir qu'un prétexte pour mettre en place un engrenage macabre dans la seconde partie du film, qui nous permettra de suivre le mystérieux assassin à l'oeuvre dans ce théâtre où il va torturer et mutiler quelques jeunes filles prêtes à tout pour devenir actrices, dans de larges débordements de sadisme parfois très graphiques ( le fouet et ses crochets ou l'arrachage de piercing, par exemples ), alors que l'héroïne s'approchera de la vérité, hélas bien facilement anticipable par le spectateur.
Il est clair que par ses diverses thématiques, entre cauchemars vraisemblablement issus du passé, traumatismes enfantins, assassin à l'identité incertaine ( enfin, se voulant incertaine ! ) et un esthétisme soigné jouant parfois avec les couleurs, Lamberto bava a essayé ici de s'accrocher à tout un pan du cinéma italien aujourd'hui disparu pour le remettre au goût du jour avec une volonté graphique évidente et parfois presque abusive, mais ses efforts seront balayés par une intrigue bien trop simpliste et prévisible, qui ne servira que de prétexte à multiplier les séquences sanglantes de tortures et à parsemer l'ensemble d'un érotisme pas vraiment osé, mais misant essentiellement sur les formes des actrices en présence.
Et cet aspect-ci du métrage fonctionnera parfaitement, en enchaînant des supplices assez sévères et méchants, flattant ainsi les bas instincts du spectateur ( surtout que la violence sera toujours dirigée vers les femmes ), et en n'hésitant pas à avoir recours à des effets sanglants largement épaulés par une mise en scène agressive et hachée, mais ne parvenant pas à masquer la minceur scénaristique dont le métrage souffrira copieusement, avec de nombreux passages à vide ( l'exploration de la demeure familiale par l'héroïne ) et une incapacité à se montrer véritablement crédible.
Justement, l'interprétation desservira complètement le film, avec un Simone Corrente confinant au ridicule lorsqu'il cherchera à se montrer effrayant et dangereux, alors que la toute mignonne Elena Bouryka n'aura que ses charmes pour se faire remarquer.
La mise en scène de Lamberto Bava est on ne peut plus commune, avec seulement une bonne accroche visuelle lors des séquences de cauchemars/ tortures, mais arrivera quand même à générer brièvement un léger suspense.
Les effets spéciaux, pour la plupart réalisés à "l'ancienne", sont globalement probants en étant volontaires et en s'adonnant à de nombreux gros plans sanglants.
Donc, ce "The torturer" parviendra quand même à intéresser les amateurs de sévices en tous genre, mais n'arrivera jamais à gagner en intensité ni à captiver complètement son spectateur !
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