Bleu :
Premier volet de la trilogie Bleu, Blanc, Rouge du réalisateur Krzystof Kieslowski (qui traite respectivement de la liberté, de l'égalité et de la fraternité), Bleu est celui des trois films qui m'a le plus bouleversé. D'abord, il y a la musique majestueuse de Preisner qui vous remplit d'émotion tout au long du métrage. Ensuite, il y a la mise en scène magistrale de Kieslowski, qui se révèle d'une grande limpidité. Enfin, il y a l'histoire avec Juliette Binoche qui obtient là le rôle de sa vie. Elle joue la femme d'un grand compositeur, qui suite à un accident perd son époux et son enfant. Dès lors, quand on a perdu les êtres qu'on chérissait le plus, quel sens peut bien recouvrer le mot liberté ? Toute la question est là. Il s'agit de rebondir et c'est ce que le film va s'attacher à montrer. Beaucoup d'émotions vous assaillent au sortir de ce film et vous permettent de vous permettent de vous poser des questions fondamentales sur le sens de la vie. Un très grand film.
Note pour le film Bleu : 10/10
Blanc :
Second volet de la trilogie Bleu, Blanc, Rouge, Blanc est peut-être le film le moins immédiatement accessible de la trilogie de Kieslowski, celui auquel on a le plus de mal à se sentir concerné. Partant d'un principe, une femme française épouse un étranger, pense que celui-ci l'a épousé pour les papiers... C'est le début de la déchéance (avant la renaissance) pour l'époux qui doit retourner dans sa Pologne natale. Faisant se passer l'action tantôt dans son pays, la Pologne, tantôt en France, Kieslowski montre à partir de ce cas particulier que l'égalité est un leurre, elle n'est pas possible. A moins que les gens le souhaitent vraiment, mais il faudra alors beaucoup de sacrifices. Malgré ses qualités évidentes notamment au niveau de la mise en scène, Blanc est celui des trois volets de la trilogie que je préfère le moins. En effet, alors que Bleu et Rouge jouent très clairement sur la corde sensible, Blanc dresse un constat amer en faisant preuve tantôt d'humour décalé tantôt de cynisme.
Note pour le film Blanc : 9/10
Rouge :
Troisième volet de la trilogie Bleu, Blanc, Rouge du réalisateur Krzysztof Kieslowksi, "Rouge" est peut-être le film le plus profond de ce réalisateur. Pourquoi ? Parce qu'il confronte deux personnes qui ont un point de vue opposé sur le monde. D'un côté, Valentine, une jeune femme d'une très grande gentillesse, épris d'humanité (superbe Irène Jacob) ; de l'autre un juge à la retraite (magnifique Jean-Louis Trintignant) qui est écoeuré de la vie et qui n'a trouvé d'autre but dans sa vie que de mettre sur écoute ses voisins pour écouter leurs histoires. Le côté humaniste et donc fraternel de Valentine va donner lieu à des débats houleux mais surtout permettre au juge de changer son point de vue sur le monde. Il sait désormais qu'une personne l'apprécie et il en a autant à son égard. En plus de cette sublime confrontation de points de vue, le réalisateur Kieslowski a l'ingénieuse idée de faire des va-et-vient entre l'histoire du juge à la retraite et l'histoire du jeune homme, celui qui va lui aussi devenir juge à son tour. Leurs histoires sont indiscutablement mêlées. Valentine quant à elle ne cesse de croiser ce jeune juge sans jamais le rencontrer. Cinéaste du hasard, Kieslowski poursuit donc dans cette voie. Pourtant, si le réalisateur est souvent pessimiste sur le devenir humain, il se permet à la fin du métrage un happy end qui clot sa trilogie de la façon la plus remarquable. Il s'agit à n'en pas douter du plus grand film sur la fraternité. Il reste dommageable que ce film n'ait pas eu la Palme d'Or à Cannes, celle-ci étant revenue à Pulp Fiction.
Note pour le film Rouge : 10/10
La double vie de Véronique :
Réalisé en 1991 par le génial cinéaste polonais Krzysztof Kieslowski, après son monumental Le décalogue et avant sa fameuse trilogie Bleu, Blanc et Rouge, La double vie de Véronique est un film de transition entre la Pologne et la France, où Kieslowski signera ses dernières œuvres.
Mais quelle œuvre de transition ! Le film est basé sur une intrigue énigmatique qui suit en parallèle la vie de deux femmes de vingt ans (interprétées toutes les deux par la lumineuse actrice française Irène Jacob, que Kieslowski retrouvera pour le magistral Rouge), l’une, Veronika, vivant en Pologne, l’autre, Véronique, en France.
Veronika est une chanteuse de talent qui souffre d’un dysfonctionnement cardiaque, tandis que Véronique, qui souffre sans doute du même mal, préfère abandonner le chant pour suivre un marionnettiste (Philippe Volter) qui écrit des livres pour enfants.
Les deux Véronique ne cessent de se répondre et les émotions de l’une sont ressenties par l’autre et vice-versa, laissant entendre qu’il pourrait s’agir d’une seule et même personne.
Magnifiquement réalisé, La double vie de Véronique est un gigantesque rêve éveillé, un voyage onirique dans les méandres de l’identité. Insolite, romantique, c’est aussi une métaphore sur le statut de cinéaste de Kieslowski : conserver son identité polonaise et s’en détacher à la fois. C’est aussi une très belle histoire d’amour.
Film à plusieurs niveaux de lecture, La double vie de Véronique est d’une fluidité exemplaire, rythmé par la splendide musique de Zbignew Preisner.
Le film ne cesse de surprendre, même après plusieurs visions. D’une richesse étonnante, synthétisant de nombreux thèmes kieslowskiens comme le hasard et la recherche de l’identité, La double vie de Véronique est un fulgurant poème, esthétiquement sidérant. Kieslowski abandonne le ton réaliste et rugueux de ses films antérieurs pour une approche beaucoup plus onirique, presque fantastique, parsemée de signes à déchiffrer.
Secret, mystérieux et sublime, La double vie de Véronique est toujours aussi fascinant. Pierre angulaire de la filmographie de Kieslowski, c’est peut-être son plus grand chef d’œuvre dont de multiples visions ne parviennent pas à en altérer les beautés.
Note pour le film La double vie de Véronique : 10/10
Au final, on a droit à 4 films sublimes qui sont réellement des incontournables. Venez découvrir ce réalisateur qui est à tous points de vue passionnant.
|