Réalisé en 1991 par le génial cinéaste polonais Krzysztof Kieslowski, après son monumental Le décalogue et avant sa fameuse trilogie Bleu, Blanc et Rouge, La double vie de Véronique est un film de transition entre la Pologne et la France, où Kieslowski signera ses dernières œuvres.
Mais quelle œuvre de transition ! Le film est basé sur une intrigue énigmatique qui suit en parallèle la vie de deux femmes de vingt ans (interprétées toutes les deux par la lumineuse actrice française Irène Jacob, que Kieslowski retrouvera pour le magistral Rouge), l’une, Veronika, vivant en Pologne, l’autre, Véronique, en France.
Veronika est une chanteuse de talent qui souffre d’un dysfonctionnement cardiaque, tandis que Véronique, qui souffre sans doute du même mal, préfère abandonner le chant pour suivre un marionnettiste (Philippe Volter) qui écrit des livres pour enfants.
Les deux Véronique ne cessent de se répondre et les émotions de l’une sont ressenties par l’autre et vice-versa, laissant entendre qu’il pourrait s’agir d’une seule et même personne.
Magnifiquement réalisé, La double vie de Véronique est un gigantesque rêve éveillé, un voyage onirique dans les méandres de l’identité. Insolite, romantique, c’est aussi une métaphore sur le statut de cinéaste de Kieslowski : conserver son identité polonaise et s’en détacher à la fois. C’est aussi une très belle histoire d’amour.
Film à plusieurs niveaux de lecture, La double vie de Véronique est d’une fluidité exemplaire, rythmé par la splendide musique de Zbignew Preisner.
Le film ne cesse de surprendre, même après plusieurs visions. D’une richesse étonnante, synthétisant de nombreux thèmes kieslowskiens comme le hasard et la recherche de l’identité, La double vie de Véronique est un fulgurant poème, esthétiquement sidérant. Kieslowski abandonne le ton réaliste et rugueux de ses films antérieurs pour une approche beaucoup plus onirique, presque fantastique, parsemée de signes à déchiffrer.
Secret, mystérieux et sublime, La double vie de Véronique est toujours aussi fascinant. Pierre angulaire de la filmographie de Kieslowski, c’est peut-être son plus grand chef d’œuvre dont de multiples visions ne parviennent pas à en altérer les beautés.
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