Jean-Pierre Mocky a toujours été un franc-tireur du cinéma français. Réalisé en 1987, Les saisons du plaisir est l’un de ses opus les plus provocateurs.
Alors que la menace nucléaire plane, plusieurs personnes se réunissent dans une demeure pour la direction d’une entreprise florissante de parfumerie, dont le PDG, âgé de 100 ans (interprété par un Charles Vanel impérial) va nommer son successeur.
Joyeusement foutraque, anarchique et d’un rythme endiablé, Les saisons du plaisir dépasse les limites de la vulgarité pour un brûlot brouillon mais jubilatoire qui fustige violemment les dérives d ‘une société obsédée par l’argent et le sexe et qui court à sa perte.
Brillamment dialogué et interprété par un casting de premier ordre réunissant Jean Poiret, Denise Grey, Jacqueline Maillan, Darry Cowl, Bernard Menez, Richard Bohringer, Stéphane Audran, Bernadette Lafont, Jean-Luc Bideau, Jean-Pierre Bacri, Fanny Cottençon, Roland Blanche et Sylvie Joly, tous cabotinant à outrance, Les saisons du plaisir multiplie les situations scabreuses et entraîne le spectateur dans un incroyable jeu de massacre.
Si le filmage de Mocky est parfois approximatif (un des défauts récurrents du cinéaste, capable malgré tout de donner des œuvres aussi esthétiquement réussies que Litan ou Solo), le film présente une série de portraits savoureux et ignobles, brisant toutes les limites de la bienséance. Homosexualité, nymphomanie, pédophilie, sexualité déviante, prostitution, lutte des classes, zoophilie,… passent dans la moulinette d’un Mocky en roue libre mais constamment jubilatoire. Certains pourront s’offusquer de la grosseur du trait et de la vulgarité de l’ensemble, mais la férocité dévastatrice de Mocky est telle qu’elle balaie tout sur son passage et provoque un rire grinçant et libérateur.
|