Pour son deuxième film après le très remarqué ( et remarquable ) "sombre", Philippe Grandrieux poursuit son exploration des univers âpres comme il sait si bien les reconstituer pour nous entrainer dans une véritable expérience sensorielle, métaphore de la renaissance dans la douleur .
Grandrieux signe avec son deuxième opus une oeuvre sans concession, à l'esthétique sophistiquée et déroutante, ce dès l'ouverture du film où l'auteur nous fait basculer dans son univers radical pour ne plus jamais nous laisser le temps de souffler . A ce titre la scène d'ouverture est très représentative : une image noire ( pendant plusieurs minutes, sur fond sonore bourdonnant, traversée parfois de visages dont on devine à peine les contours, et semblant regarder dans la même direction ), l'ouverture est mystérieuse et malaisante du fait de sa durée et du fait qu'elle nous prive de tout repère.
A la beauté des plans se rajoute celle de la mise en scène viscérale et musicale, où l'environnement sonore joue un rôle des plus importants, ce qui fait sans doute de grandrieux le réalisateur le plus proche de David Lynch, du moins sur ce plan là . Grandrieux, esthète avant tout, n'hésite pas à travailler le grain de l'image : travail sur la focale, la netteté, le flou, gros plans se succèdent pour créer l'univers malaisant de cette histoire d'amour flirtant avec le romantisme le plus noir , et où les déchainements de violence n'ont rien à envier à ceux d'un Cronenberg nouvelle manière.
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