Film le plus célèbre de Mohammed Chouikh, un réalisateur algérien, La citadelle s'avère un excellent film. Et pour une raison simple : c'est un véritable film de militant engagé. En effet, La citadelle montre que l'Algérie actuelle (le film date de 1988) n'a pas évolué d'un pouce en terme sociétal. Elle croule toujours sous le poids de traditions où l'homme prend la femme comme un objet, comme un sous-être humain. Le film, brillant réquisitoire contre le régime social actuel, s'ouvre et se ferme par une cérémonie de mariage. Il montre que surtout les gens (hommes et femmes d'ailleurs) sont véritablement formatés. Dans une cérémonie de mariage, où l'ensemble du village est concerné, l'homme se doit de montrer qu'il est supérieur à la femme. Raison pour laquelle il frappe une femme (voilée) qu'il découvre pour la première fois. La femme est le joug de l'homme et n'a pas son mot à dire. D'ailleurs, plusieurs femmes doivent partager leur mari puisque, selon le Coran, comme elles le disent elles-mêmes, l'homme peut avoir jusqu'à 4 femmes, s'il est capable de les entretenir. La polygamie est donc parfaitement autorisée en Algérie. Par contre, quinconque ne rentre pas dans le moule peut en faire les frais. C'est le cas du « héros » du film, qui est le référent du spectateur, qui se refuse à maltraiter la femme et qui pourtant, à la fin, finit par être formaté comme les autres. Au terme d'une scène finale proprement ahurissante et tétanisante, Mohammed Chouikh nous montre que la condition de la femme en Algérie est encore loin d'une évolution positive. Les pleurs et les tentatives de révolte d'une petite fille sont on ne peut plus clair.
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