En note d'intention, Truffaut déclarait que Les deux anglaises et le continent peut être considéré comme la rencontre de Marcel Proust avec les deux soeurs Brontë. Il faut dire dès à présent que ce film est l'adaptation du second roman d'Henri-Pierre Roché qui avait particulièrement plu à Truffaut. Si les deux anglaises et le continent a été lors de sa sortie un échec tant public que critique, la raison ne peut guère se trouver que dans le contexte de l'époque. En effet, sorti en 1971, le film se retrouve en décalage avec l'esprit soixante-huitard. Car les deux anglaises et le continent est un drame furieusement romantique qui met trois personnages en scène : Claude Roc, incarné par Jean-Pierre Léaud (qui joue donc un rôle autre que celui d'Antoine Doinel), qui est amoureux de deux soeurs anglaises (jouées d'ailleurs par deux actrices anglaises) : Anne Brown et Muriel Brown. Les relations entre les personnages se situent dans un univers puritain où pourtant les sentiments sont exacerbés. Les relations sont d'ailleurs ambigues car le personnage principal est véritablement amoureux des deux soeurs. Evidemment, il n'en courtise qu'une à la fois mais à chaque fois qu'une de ces femmes est sur le point d'être avec lui, elle lui échappe. La grande thématique de Truffaut, à savoir l'amour contrarié, atteint ici son paroxysme. Un très grand film, romantique à souhait (au sens premier du terme romantique), servi par d'excellents acteurs, de très bons dialogues et une mise en scène qui épouse les sentiments des protagonistes. Un film à voir de toute urgence.
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