Avec Moloch, Alexandre Sokourov débute sa trilogie sur les « grands » dictateurs de l'Histoire. Moloch représente en fait Adolph Hitler. Le film narre un week-end que passe Hitler avec Eva Braun, un conseiller Martin Bormann et les époux Goebbels, dans un chateau. A la différence de Chaplin ou de Lubitsch qui choisissent de ridiculiser Hitler dans des comédies truculentes (respectivement Le dictateur et To be or not to be), Sokourov adopte un ton très différent mais qui sonne également très juste. Dans une ambiance très froide, à la limite morbide (la photo du film est très sombre et de nombreux nuages couvrent le château), le réaalisateur russe représente Hitler comme un véritable pantin, un homme pathétique qui tient parfois des discours sans intérêt (son histoire des orties) ou totalement abherrants (son idée du peuple tchèque). Cet Hitler est d'ailleurs parfois mis à mal par Eva Braun. Sokourov a tout fait pour que le spectateur prenne de la distance par rapport à la gravité du sujet et qu'il ne puisse pas s'identifier au Moloch (ce qui n'est malhreusement pas le cas du film très contestable La chute qui n'a pas su éviter cet écueil). Malgré toutes ses qualités, le film n'est pas facile d'accès. Il est assez austère. Mis à part cette réserve, Moloch est un film à voir.
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