Stephen Chow est un cinglé. Mais quel cinglé ! La frontière entre la folie et le génie est bien mince et ce dernier passe d’un côté à l’autre avec une aisance déconcertante. Du bonhomme, je n’ai vu que deux films : celui-ci (que j’ai acheté en collector simplement après avoir vu la fin de la bande annonce sur Ciné 6 , à l’époque) et Crazy Kung Fu avec la même équipe et encore plus touché par la grâce.
Shaolin Soccer partait pourtant d’une base peu adaptable sur grand écran, à savoir transposer l’essentiel du succès d’Olive et Tom avec de vrais acteurs. Il est certain que la série de base possédait un certain charme avec des caractères bien trempés et des scènes d’actions dignes d’un Dbz ou d’un Cdz (de mémoire, certains but et techniques valaient leur pesant de cacahuètes) mais cela ne suffit guère à débloquer des fonds. Chow prit alors tout en charge et il obtint le résultat que l’on sait.
Je passerai d’emblée sur la version courte pour shooter directos sur la version longue (20 mn de plus quand même !).
Tout commence avec un pot de vin payé au Zidane de l’époque et au nom évocateur de Pied droit d’or pour passer une ellipse d’une vingtaine d’année permettant de voir le dit prodige réduit au rôle de lèche botte. Blessé en son fort intérieur, il se met en tête de monter une équipe de foot pour disputer le mondial (coupe superbe par rapport à celle que nous connaissons tous). Il tombe alors sur un prodige échappé d’un temple shaolin (impayables tuniques en jaune et rouge qui font de plus en plus kitch depuis Kung Fu et les débuts de Chan dans des films comme l’Irrésistible et consorts et que Chow nous ressert à grand renfort de plastique lors d’une scène totalement décalée) qui comme par hasard possède assez de frères pour monter une équipe… de bras cassés. La suite, vous la connaissez. Parsemé de séquences cultes comme le match contre les pires joueurs du quartier puis tous ceux du mondial sans omettre la rencontre avec chaque frère et le but final (qui me tire toujours des larmes de joies, à chaque fois) et en insistant sur celles qui sont hors sujet comme la danse sauce Bollywood et les petites scénettes nous démontrant à quel point le Kung Fu peut être utile dans la vie quotidienne, on ne peut que partager l’entrain et la bonne humeur qui se dégage de la rondelle. La musique colle parfaitement à l’intrigue tandis que les SFX signés Centro Digital nous montre que depuis Stormriders, les asiatiques peuvent faire jeu égal avec l’écurie de Lucas. Peut être augurent ils d’ailleurs une adaptation live des CDZ, au vu des auras, par exemple, qui se dégage de l’équipe noire.
La cerise sur le gâteau réside évidement dans les fameux pouvoirs shaolin qui sont remarquablement bien adaptés à la psychologie de leurs détenteurs. Plume légère a perdu la foi et la ligne mais retrouve toutes ses facultés en faisant de son handicap et de sa maladie un sérieux et impressionnant atout (les câbles à peine effacés apportent une légèreté inattendues à l’ensemble d’ailleurs), l’homme d’affaire possède un moral et un corps d’acier, Tête de fer, obtus dans le vie est une vraie tête de pioche et reste mon préféré (imposer le respect en slip, faut le faire), Jambes d’acier est comme dans la vie, jamais pessimiste et allant toujours de l’avant, le plongeur qui passe son temps à courir de jobs en jobs possède un jeu de jambes redoutables, le gardien de but d’une dextérité diabolique est à lui seul un égal de Bruce Lee (épatante ressemblance) et enfin May ; pâtissière de l’année est en elle seule un pendant de ce qu’il manque à tous au début : l’unité et la maîtrise.
En ces temps de cinéma purement commercial et sans vie, il ferait bon voir des Shaolin Soccer et des Kung Fu Hustle fleurir plus souvent.
NB : moi qui déteste le football pour l’emprise mercantile dont il est victime, je me convertis tout de suite si une équipe moitié moins douée que celle là se fait connaître…
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