Avec ce "Rossa Venezia", le réalisateur allemand érotomane Andreas Bethmann se lâche (enfin ) et cesse de flirter constamment avec le X pour s'y adonner ouvertement au travers d'une histoire de vengeance aveugle quelque peu laborieuse et répétitive.
Le script suit le parcours sanglant et dépravé d'une jeune femme qui, à sa sortie de prison après avoir purgé une peine de dix ans pour le double meurtre de son mari et de sa maîtresse, s'applique à massacrer vicieusement les filles de petite vertu et autres demoiselles dévergondées habitant Venise.
Dès sa séquence d'introduction nous montrant un couple en plein ébat sexuel non simulé, le réalisateur annonce la couleur en nous livrant une scène "hard" qui se terminera dans un bain de sang lorsque l'épouse débarquera et assassinera les deux amants.
Ensuite, l'intrigue nous présentera une demoiselle ayant mis la main sur le journal intime de notre meurtrière et s'emploiera à nous le décrire en de très longs flashbacks.
Ainsi, nous suivrons d'abord un résumé de la période de détention de l'héroïne, bien entendu axé sur les humiliations et quelques sévices commis par la directrice de cette bien improbable prison, avant de l'accompagner dans sa spirale meurtrière apparemment sans limite puisqu'aussi bien un jeune couple venu batifoler dans sa maison délabrée que des prostituées et toute personne sexuellement délurée croisant son chemin seront assassinées, non sans auparavant avoir subi des sévices sexuels.
Alors que penser d'un tel spectacle ?
Bien sûr, les digressions "philosophiques" accompagnant les états d'âme de l'héroïne ne sembleront n'être qu'un prétexte pour aligner inlassablement des scènes érotiques le plus souvent saphiques s'achevant par une mort régulièrement bien vite expédiée, le réalisateur laissant ainsi libre cours à l'expression de certains fantasmes déviants, les victimes étant bien souvent violées par un godemichet, voir même par une perceuse ( en gros plan, bien sûr, le tout sur fond de bondage, ne laissant ainsi que peu de place à l'horreur pure pour uniquement quelques mise à mort basiques , sauf lorsque Andreas Bethmann nous refait la séquence de l'acide directement puisée dans le "L'au delà" de Lucio Fulci.
Évidemment, le volonté provocatrice de l'auteur ressort aisément à l'écran, mais ce sera plutôt la lassitude qui finira par gagner le spectateur devant les nombreuses redites d'un métrage fort étalé en longueur, surtout qu'aucun humour ne viendra divertir outre mesure.
Et si les victimes offrent un physique le plus souvent avantageux venant titiller l'oeil, l'interprète principale ne brillera ni par son physique, ni par son jeu se voulant inquiétant mais sans y parvenir.
Quant à l'intrigue en elle-même, elle aura fortement tendance à se montrer incohérente et elliptique, sans se soucier le moins du monde de toute logique narrative en enchaînant les aberrations, lorsque des idées saugrenues ne viennent pas en plus rendre l'ensemble encore plus improbable ( le doigt du cadavre d'une jeune fille sectionné par le médecin légiste devant les parents horrifiés afin de leur montrer une bague, par exemple ).
L'interprétation flirte continuellement avec l'amateurisme, les actrices ayant certainement plus été choisies pour leur physique et leur capacité à accepter certaines humiliations qu'autre chose, mais on retrouvera avec plaisir Jess Franco et sa muse Lina Romay pour de petits seconds rôles hélas quelque peu inutiles, tandis que la mise en scène d'Andreas Bethmann est monotone et sans efforts, faisant encore plus ressembler le film à un vulgaire film "X".
Les effets spéciaux restent basiques et simplistes, mais avancent des cadavres en décomposition très réussis.
Donc, ce "Rossa Venezia" sera bien sûr à réserver à un public plus qu'averti, mais ne sera pas pour autant terriblement jouissif à cause de longueurs harassantes et d'un manque d'entrain bien trop visible, malgré sa volonté jusqu'au-boutiste évidente !
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