C'est en s'orientant ouvertement vers l'action et surtout le suspense que ce "Témoin muet" aborde un sujet sensible avec plus ou moins de réussite et de manière originale, les snuffs censés être tournés dans les pays de l'Est de l'Europe.
En effet, le script suie les déboires d'une jeune préparatrice en effets spéciaux américaine muette qui va, sur le tournage d'une série Z à Moscou, être le témoin involontaire d'un snuff, un crime non simulé filmé, et du coup se retrouver pourchassé par les auteurs.
Après une séquence d'introduction cherchant maladroitement à bluffer le spectateur en lui faisant croire qu'il assiste à un crime perpétré par un maniaque, alors qu'il ne s'agit que du tournage d'une série Z ringarde, le métrage s'amuse quelque peu avec le genre en nous faisant pénétrer brièvement dans l'atmosphère de ces tournages sans le sou, le temps de nous présenter ses personnages principaux et notamment une jeune femme muette qui va ensuite se retrouver malencontreusement enfermé dans le studio.
C'est alors que l'intrigue rentrera réellement dans le vif du sujet puisque la demoiselle va assister au meurtre réel et brutal en plein coït d'une femme, le tout sous l'oeil complice d'une caméra. Repérée par les auteurs, elle va chercher à se cacher dans le bâtiment pour ce qui restera comme la meilleure partie du métrage avec une longue séquence de cache-cache haletant parvenant à créer une véritable tension et utilisant parfaitement ses effets.
Sauvée in extremis par le réalisateur du film et sa compagne revenus la chercher, l'héroïne devra ensuite faire face à l'incrédulité de la police avant d'affronter à nouveau ses poursuivants, tout en se retrouvant mêlée à un trafic de disquette informatique incriminant le commanditaire de ces snuff movies.
Si dans un premier temps le métrage joue la facilité dans son accroche certes souriante mais superficielle, c'est pour mieux ensuite impliquer le spectateur en lui faisant partager la double difficulté de compréhension et l'isolement de son héroïne désavantagée par son handicap et ne comprenant pas la langue des autochtones.
L'auteur utilisera d'ailleurs régulièrement cet état de fait pour essayer de décupler le suspense lors des temps forts du métrage, tout en profitant bien entendu des artifices liés aux trucages cinématographiques. Mais hélas, passé l'exposition du sujet et cette stressante course-poursuite dans le studio déserté, l'intrigue va devenir quelque peu confuse et avancera trop brusquement ses nouveaux éléments et personnages en restant superficiel, ce qui diminuera bien évidemment l'impact des différentes situations, pourtant volontaires et graphiques, et ainsi même le final sera plus que prévisible.
Les personnages ne sont ici guère fouillés et leurs tentatives d'humour, notamment celles du réalisateur de la série Z, ne volent pas bien haut, ce qui aura pour effet de faire retomber la pression générée par quelques scènes plutôt réussies, alors que l'aspect glauque et sordide du premier acte sera parfaitement retranscrit, pour hélas céder sa place par la suite à une action certes plus débridée mais surtout plus légère.
L'interprétation est convaincante, notamment Marina Sudina parfaite dans le rôle principal, alors que la mise en scène du réalisateur est vive et dynamise les scènes d'action, tout en maîtrisant ses effets.
Donc, ce "Témoin muet" se suivra agréablement et saura captiver son spectateur, mais un peu plus de consistance aurait été appréciable, notamment dans l'imprégnation de l'univers de cette mafia russe aux exactions sordides !
|