Même s'il cédera quand même par moments aux stéréotypes, c'est en prenant à contre-pied les habitudes moralisatrices habituelles que ce "Romper stomper" vient nous conter les dérives d'une certaine jeunesse néo-nazie ivre de violence.
En effet, le script suit l'étiolement d'un groupe de skinheads australiens qui, à force d'aller toujours plus loin dans la violence, va finir par voir ses troupes se réduire peu à peu, tandis qu'un querelle amoureuse viendra en plus envenimer le climat entre le leader charismatique et obstiné du groupe et son meilleur ami.
D'entrée, le métrage donne le ton en nous faisant suivre une méchante ratonnade qui laissera sur le carreau deux asiatiques brutalement malmenés par cette bande de skinheads, avant de nous présenter celle qui deviendra rapidement la petite amie du chef de ce groupuscule, une jeune fille dévergondée qu'un bienfaiteur âgé bien trop attentionné viendra délivrer des mains d'un drogué violent pour finalement se faire larguer sur place.
Ensuite, l'intrigue mettra en scène l'inévitable rencontre et en profitera pour s'immiscer dans le quotidien tumultueux et violent de ces jeunes néo-nazis, entre bagarre et fêtes orgiaques sur fond de musique Oï.
Ce sera d'ailleurs lors de cette mise en situation que le métrage avancera un certain nombre de stéréotypes parfois assez navrants à force d'être réducteurs, notamment au niveau de la psychologie inexistante des personnages, pour facilement faire-valoir leur leader, cultivé et intelligent.
Le métrage en profitera également pour rendre compte d'une certaine situation délétère australienne, avec cette immigration d'origine asiatique galopante, mais surtout optera pour un discernement de ce problème assez osé et atypique en s'installant durablement du côté des skinheads.
Mais l'action reprendra rapidement ses droits et ce sera une autre ratonnade dans le bar leur servant de fief investi par des "jaunes" qui déclenchera la déchéance du groupe puisque les agressés vont répondre et avec l'aide de renforts ils vont se retrouver finalement en surnombre et massacrer une partie de leurs assaillants, au cours d'une longue séquence d'une violence réaliste très sauvage et éprouvante qui débouchera sur une fuite des agresseurs rescapés.
Enfin, l'intrigue nous amènera à découvrir le côté obsessionnel de la quête d'identité du responsable de la communauté et son aveuglement face à une réalité bien sombre, tout en alignant encore des rebondissements exaltés et brutaux ( le cambriolage ), avant que l'inévitable face-à-face relayé par la rivalité amoureuse ne vienne clore le métrage.
Car tout au long du film et en filigrane de l'agressivité régulièrement excessive mise en avant, ce seront les relations ambiguës de ce trio qui occuperont le terrain notamment au travers des sentiments évidents que le bras droit du leader peut ressentir pour cette demoiselle espiègle et pleine de vie, complètement à l'opposé des délinquantes ahuries qu'ils côtoient habituellement.
Mais la violence restera quand même prédominante, et aussi bien les affrontements que les autres méfaits commis par ces skinheads quelque peu bêtifiés à l'extrême ( l'acharnement sur la voiture japonaise lors du cambriolage, par exemple ) seront terriblement graphique, dans un souci de bien montrer aussi jusqu'où peuvent aller ces jeunes ayant perdu leurs repères et étant sous la domination d'un être quelque peu protecteur mais surtout déterminé et harangueur, alors que le métrage n'hésitera pas non plus à montrer la férocité dont savent aussi faire preuve les opposants asiatiques et la brutalité aveugle des policiers, posant ainsi dangereusement ces néo-nazis en victimes, surtout que l'auteur ne jugera pas directement leurs actes autrement que par la caricature de leurs idéaux.
L'interprétation est convaincante, portée par un Russell Crowe encore débutant, tandis que Jacqueline McKenzie, alors également novice est aussi crédible et la mise en scène du réalisateur est efficace en suivant l'action de très près.
Donc, ce "Romper stomper" emploie une voie originale et volontairement très graphique pour décrire ce phénomène de société, mais prend quand même un risque en rendant parfois ces skinheads bien bouleversants et pathétiques !
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