C'est alors qu'il n'en était encore qu'à ses débuts derrière la caméra que Wes Craven lâcha à la face du monde cette épouvantable et parfois insoutenable "Dernière maison sur la gauche" qui a su au fil du temps conserver toute son emprise malsaine sur le spectateur.
Le script suit l'escapade meurtrière de quatre individus aux penchants pervers et cruels avérés qui vont kidnapper et tuer deux jeunes filles, avant d'aller sans le savoir frapper à la porte des parents de l'une d'elles.
C'est de façon légère et souriante que Wes Craven lance son métrage, par une présentation de cette famille traditionaliste américaine ( avec un accent mis sur les différentes remarques réprobatrices des parents ), dont la fille s'apprête à sortir en ville avec une amie pour aller voir un concert, avant justement de nous montrer ces deux jeunes filles pleine de vie et heureuse, de façon à créer un premier parallèle avec la présentation bien plus sinistre, mais pas encore complètement menaçante des quatre fugitifs recherchés par la police pour s'être évadés de prison pour deux d'entre eux, alors que le fils et la compagne du leader viennent compléter ce quatuor au langage ordurier et à la violence très facile.
Et bien entendu, l'inévitable va se produire, nos demoiselles, en quête de drogue à fumer, vont tomber sous l'emprise de la bande dans l'appartement qu'ils squattent, faisant naturellement monter la tension d'un cran avant d'amener un premier choc entraîné par une violence rapide mais sèche.
Ensuite, l'intrigue nous fera suivre longuement le véritable calvaire fait de coups et d'humiliations diverses vécu par les deux jeunes filles au travers de rebondissements stressants ( la longue séquence de fuite )et choquants ( les demandes faites aux victimes ) jusqu'à devenir régulièrement insoutenable devant le manque d'humanité flagrant dont fera preuve le chef de bande.
Enfin, dans sa dernière partie, le métrage amènera les meurtriers à aller demander de l'aide à la famille d'une des victimes, déclenchant une vengeance assez sévère ( la fameuse scène de castration buccale ) sans rémission.
Bien évidemment, ce qui frappe dans le métrage de Wes Craven, c'est la volonté âpre de montrer la violence sans aucun artifice ni la moindre concession, de manière crue et sans fard en allant jusqu'au bout de la souffrance et de la douleur endurée par les deux malchanceuses héroïnes, tout en mettant en avant la bestialité et la perversion des tortionnaires dénudés de toute pitié jusqu'à l'apothéose bouleversante lors de la mort de Mary dans un silence plus que pesant pour une scène inoubliable, amenant ainsi le dernier acte presque comme un exutoire tout aussi brutal à la folie nihiliste exposée auparavant, même si la violence sera légèrement moins impactante, mais fera la preuve que même des citoyens ordinaires et respectables peuvent basculer.
Alors, dans un tel contexte jusqu'au-boutiste, on pourra quand même regretter l'intrusion régulière de courtes séquences comiques mettant en scène ces deux policiers ballots ( l'épisode de la fourgonnette à poulets ), qui viendront quand même faire retomber la tension accumulée de manière fortuite, tout en mettant en lumière une certaine incohérente temporelle vaguement dommageable.
En plus, le réalisateur a clairement opté pour une mise en scène très proche du documentaire, ne laissant ainsi aucun recul salutaire à son spectateur lors des séquences de tortures et d'humiliations notamment, renforçant ainsi largement le malaise, et la mise en parallèle régulière de différentes actions connexes étroitement liées augmente encore la tension palpable et l'horreur des situations.
L'interprétation est un autre point fort du film, David Hess étant définitivement crédible dans le rôle du leader, alors que les deux victimes souffrent avec un naturel désarmant et ainsi seul le jeu des deux parents reste quelque peu limité ( le manque de réaction lors de la découverte du cadavre de leur fille )
Le métrage ne sera pas spécialement sanglant, mais les quelques plans graphiques seront réalistes, tout à fait en adéquation avec l'ensemble.
Donc, cette "Dernière maison sur la gauche" est un véritable uppercut lancé au spectateur, qui ne ressortira pas indemne de cette descente aux enfers malsaine jusqu'à l'insoutenable, pour un film qui mérite largement l'étiquette "culte" !
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