Pour son segment des "Peliculas para no dormir", le réalisateur Enrique Urbizu nous livre un véritable hommage au genre au travers d'une histoire certes plutôt originale mais quand même traitée de façon superficielle.
Le script suit le quotidien d'une pré-adolescente introverti passionnée par les films et la littérature fantastique, au point de vivre entourée par les créatures issues de ses rêves, jusqu'au jour où elle rencontre un vampire plus vrai que nature.
Après une séquence d'introduction peu claire nous montrant un bien étrange homme d'église pourchassant une créature à forme humaine, le métrage s'immisce dans la vie de Estrella, une fillette vivant seule avec sa mère bien prise par son travail d'infirmière qui passe son temps devant la télévision à suivre des films d'épouvante et notamment une variante du "Massacre à la tronçonneuse" de Tobe Hooper, auquel le réalisateur rend un vibrant hommage en reproduisant quasiment à l'identique certaines scènes et en avançant un Leatherface à peine modifié.
Cette mise en situation captera facilement l'attention, au travers de cette jeune fille bravant les interdits pour se repaître de spectacles d'épouvante comme nous l'avons tous plus ou moins fait, avant d'installer brièvement un climat tendu lorsque notre héroïne devra affronter les sous-sols de son immeuble et y rencontrer "son" Leatherface dont nous découvrirons que c'est son ami imaginaire.
Ensuite l'intrigue continuera de nous plonger dans l'univers particulier de cette demoiselle et de sa mère, tout en faisant intervenir un nouveau personnage avec ce nouvel ami vampire qui semble s'intéresser de près à elle, pour à partir de là laisser planer sur l'ensemble du métrage une ambiguïté toute relative, avant de nous livrer un dernier acte assez prévisible mais jouissif et un clin d'oeil final amusant.
Alors bien entendu, le principal attrait de cet épisode résidera dans son aspect référentiel d'une évidence parfois trop flagrante, car la fissure crée dans l'esprit de la demoiselle entre une réalité morne avec cette mère à la libido mal contrôlée et une fiction peuplée de monstres gentils et protecteurs qui prennent soin d'elle ne sera que partiellement mise en avant et restera trop facilement mesurable et interprétable, et la différence entre les monstres imaginaires et celui bien réel sera trop aisément décelable.
Mais cela n'empêche pas le portrait dressé par le réalisateur de cette fillette d'être parfois touchant et plus généralement souriant, mais jamais le métrage ne parviendra à se montrer effrayant ou même angoissant, en ne réservant que des effets faciles et anticipables et il ne faudra pas non plus compter sur le moindre impact visuel d'une violence banale et minimaliste, représentée sans volonté graphique.
L'interprétation est cohérente, mais sans réel charisme à l'écran, et la mise en scène du réalisateur est simpliste malgré une utilisation d'effets judicieux ( la longue séquence en caméra subjective ).
Les quelques effets spéciaux sont plutôt simplistes, aussi bien pour des maquillages référentiels assez probants que pour quelques timides plans sanglants primaires.
Donc, ce "Un vrai ami" laissera une claire impression d'inachevé mais se laissera quand même voir sans ennui grâce à l'hommage appuyé rendu au genre horrifique dans son ensemble !
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