Après un "Mimic 2" quelconque, ce troisième volet de la franchise initiée par Guillermo Del Toro vient conclure ( provisoirement ? ) de manière bien plus satisfaisante les aventures des "Judas", ces cafards géants ayant presque forme humaine.
Le script met en scène un jeune homme asmathique enfermé à cause de sa maladie dans sa chambre et qui passe son temps à observer ses voisins au travers de l'objectif de son appareil photo. Celui-ci va être le témoin de l'agissement des créatures qu'il va combattre par personne interposé, puisqu'il sera aidé par sa soeur et une jolie voisine.
Après une courte séquence d'introduction nous montrant de manière peu claire un premier meurtre commis par un "Judas" tapi dans l'ombre, le métrage s'immisce dans le quotidien de ce jeune homme, d'abord par un générique avançant son passe-temps consistant à photographier des tranches de vie de ses voisins, puis en nous faisant suivre sa principale activité qui consiste à épier ce qui se passe dans un dehors où il ne peut aller que brièvement, étant fortement diminué au niveau de ses défenses immunitaires, pour une mise en situation rappelant bien évidemment le "Fenêtre sur cour" d'Alfred Hitchcock, même si le traitement apporté ici sera bien intimiste en nous faisant partager aussi bien les sentiments que les relations du protagoniste avec son entourage, et notamment sa soeur junkie et sa mère esseulée, sans oublier une ravissante voisine qui va entrer dans sa vie.
Mais rapidement, l'intrigue va rendre le personnage principal témoin des exactions des "Judas" et d'un mystérieux "homme aux poubelles", surtout lorsque le petit ami dealer de sa soeur va se faire massacrer, invitant de la sorte le trio à enquêter, pour orienter le métrage vers une seconde partie bien plus énervée et violente où les "Judas" se montreront enfin vraiment, surtout lors d'un final très sanglant et généreux.
Car en effet, la première partie du film prendra presque la tournure d'un drame social en s'intéressant fortement à la personnalité du personnage principal, largement porté sur le voyeurisme, lourdement handicapé par sa maladie et secrètement amoureux de cette voisine observée quotidiennement, mais qu'il ne pourra recevoir convenablement lorsque sa soeur lui présentera, à cause d'un odeur de cigarette, puis de parfum l'indisposant. L'intrigue s'attardera également sur la famille du personnage principal, au travers de cette soeur mal dans sa peau et surtout de sa mère, une veuve repliée sur elle-même et prête à tomber dans les bras du premier inconnu s'intéressant à elle ( ici un policier quelque peu ringard ).
Mais cette première partie ne sera heureusement jamais ennuyeuse, en renouvelant régulièrement ses situations et en parvenant à rendre ses intervenants attachants grâce à un naturel et une crédibilité de tous les instants, avec en plus un humour discret assez percutant, et en ne perdant jamais complètement de vue la menace représentée par les "Judas".
Ce sera progressivement que le métrage basculera dans une seconde partie bien plus démonstrative et mettant réellement les créatures en action, notamment lors d'un dernier acte méchant, bien gore et parfois sadique lorsque les "Judas" s'amusent à mutiler violemment leurs victimes, semblant même s'en donner à coeur joie avec un plaisir non dissimulé, ce qui sera parfois également douloureux pour le spectateur, puisqu'une bonne partie du casting subira les assauts parfois mortels des créatures, et particulièrement les personnages rendus auparavant sympathiques.
Mais hélas, l'intrigue est truffé d'incohérences flagrantes venant quand même gâcher en partie l'intérêt global du film et dès les premières séquences, des événements sont sous-exploités ( la découverte du cadavre dans l'égout, bien vite oubliée, le peu d'intérêt porté par la police à la disparition du gamin ), mais ce sera surtout dans sa seconde moitié que trop de choses resteront floues ( le mobile et l'identité des amis de "l'homme aux poubelles" et ce protagoniste offrira lui aussi des motivations contradictoires ) et invraisemblables ( le peu d'efficacité de ces hommes que l'on suppose appartenir à une quelconque agence gouvernementale face à l'attaque des "Judas" ) et trop rapidement exposées.
L'interprétation est convaincante, grâce à des interprètes bien rodés ( Lance Henriksen, mais aussi Amanda Plummer ) et la mise en scène du réalisateur parvient à bien gérer le rythme du film, assez lent dans sa première partie, pour ensuite pouvoir s'énerver lorsque l'action le nécessite.
Les effets spéciaux sont bien réussis, aussi bien dans l'animation des "Judas" qui demeure très peu visibles que pour des effets sanglants plus que volontaires et expansifs.
Donc, ce "Mimic 3 : Sentinel" offrira un spectacle intéressant et parfois jouissif, hélas contrarié par des absurdités au niveau du script !
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