C'est en solo qu'Oxide Pang s'est lancé dans la réalisation de ce "Ab-normal beauty", laissant à son frère avec lequel il officie généralement ( " Bangkok dangerous", "The eye"...) le soin de se charger de la production, pour en fin de compte nous livrer une oeuvre visuellement très réussie mais pêchant largement au niveau de son intrigue.
Le script, scindé en deux parties assez distinctes, suit la "descente aux enfers" d'une jeune apprenti-photographe fascinée par la mort et les clichés s'y rapportant, qui va ensuite se retrouver prise à son propre piège en devenant la cible d'un tueur en série spécialisé dans les "snuff movies".
Sans préambule, le métrage nous présente ses deux personnages principaux, deux amies très proches dont le passe-temps et les études portent sur l'art et en particulier la peinture et la photographie, que nous suivons lors d'une virée guillerette où elles vont photographier tout en n'importe quoi, pour une entame enjouée qui ne va pas tarder à s'obscurcir lorsque qu'une des héroïne, qui deviendra bien entendu le personnage central, va être témoin d'un accident de la route mortel et ne pourra s'empêcher de prendre des clichés des victimes et notamment d'un cadavre allongé sur le sol, lors d'une séquence au cours de laquelle le réalisateur arrivera à distiller une ambiance particulière.
L'intrigue nous fera ensuite suivre la fascination croissante de cette demoiselle pour la mort de manière intimiste, en s'attachant aux sentiments de celle-ci, tant au niveau de la relation à tendance saphique qu'elle entretient avec son amie qu'aux ressentiments qu'elle éprouve vis-à-vis de son passé et des maltraitances subies, sans pour autant perdre de vue l'aspect graphique en parsemant l'ensemble de scènes morbides ( les poulets, le suicide, par exemples ).
Hélas, cette première partie du métrage donnera quand même l'impression que les différentes séquences ont été mises bout à bout sans grand souci de rendre linéaire et fluide l'intrigue, avec même certains plans dont on pourra quand même se demander ce que le réalisateur a voulu filmer et une sous-intrigue apparemment sans grand intérêt, présentant un jeune homme amoureux éconduit de l'héroïne qui passe son temps à filmer celle-ci avec son petit caméscope, jusqu'au moment où ce personnage servira de victime, nous montrant que le point de non-retour n'est pas loin d'être franchi par notre demoiselle qui le mutilera gentiment.
Et c'est de façon abrupte que l'intrigue va déraper, après une pause nous faisant croire que le personnage principal a enfin repris ses esprits, lorsque que des photos terriblement macabres, puis une cassette vidéo montrant un meurtre "snuff" très graphique et inspiré de l'univers SM vont atterrir chez l'héroïne, tandis que le piège va peu à peu se refermer sur elle.
Cette seconde partie, si visuelle et méchante soit-elle en nous montrant clairement la violence des meurtres, sera assez vide de sens et de suspense et le twist ridicule et déprimant venant clore le film, tout en essayant basiquement d'intégrer cette épisode du film dans l'intrigue globale, renforcera l'aspect superficiel inhérent au métrage.
L'interprétation est plutôt convaincante, les deux actrices principales faisant preuve d'un naturel assez crédible, alors que la mise en scène du réalisateur privilégie une fois de plus l'esthétique, nous offrant ainsi des plans très beau, mais hélas les effets clippesques et un montage haché viennent régulièrement gâcher notre plaisir.
Donc, si ce "Ab-normal beauty" se laissera voir sans problèmes, c'est un sentiment d'inachevé qui l'emportera, tout en nous invitant à chercher vainement le sens du métrage !
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