CRITIQUE DVD

Le nouveau (et ultime ???) trip cauchemardesque de David Lynch est enfin arrivé, six ans après le sublime Mulholland Drive et il ne fera pas que des heureux tant Inland Empire est un film extrêmement déroutant et parfois inhabituel quand on connaît bien l'auteur, mais il est intéressant et surtout fascinant. Alors que la première heure nous conduit sur le tournage d'un film et se révèle être assez compréhensible, Lynch nous emmène ensuite dans un monde ou un labyrinthe dont il est presque impossible d'en sortir. On retrouve les thèmes ainsi que certains plans qui ont fait la marque de fabrique de précédents opus du papa d'Elephant Man (rideaux rouges, couloirs sombres, sexe et schizophrénie) mais en ajoutant de très longs tunnels de dialogues (très étranges pour la plupart, surtout lorsque la nouvelle voisine de Nikki vient rendre visite à cette dernière). Contrairement à ce que la majorité des critiques a pu dire, le rendu DV n'est pas si dégueulasse que ça, on s'y habitue très vite même si certains en seront déçus tant Lynch a toujours soigné la photographie de ses films. La beauté plastique est au rendez-vous et on se laisse emporter dans ce cauchemar éveillé incompréhensible mais contemplatif, porté par la maestria de son auteur qui est ici au sommet de son art. Le seul défaut qu'on peut porter à IE est sa durée (presque 3 H) car on sent le temps passer, mais l'ensemble est tellement magnifique qu'il serait inadmissible de faire le difficile.
Du grand art !

David Lynch a tourné INLAND EMPIRE au format DV et sa volonté visuelle est ici respectée à 100% : le grain est omniprésent, les couleurs baveuses et délavées sont magnifiquement restituées, faisant croire au spectateur qu'il se trouve face à un documentaire amateur. Il est donc difficile de mettre la note maximale tant la volonté de garder une image dégueulasse est assez étrange. Ceci dit, les scènes de jour sont admirablement contrastées, faisant preuve d'une très belle luminosité et ne montrant aucun signe de faible compression.

L'expérience sonore de ce chef-d'oeuvre en salle fut traumatisante et inoubliable. L'éditeur rend magnifiquement hommage au travail effectué par Lynch sur ce DVD en proposant deux pistes 5.1 (la VO est impérative) tout simplement tonitruantes ! Le caisson de basses sera mis à contribution pendant presque trois heures et les dialogues, parfaitement audibles tout en respectant la limite voulue par le Maître, sont également mis en avant avec brio. Voici le premier DVD de démo de la rentrée, une expérience que le spectateur n'est pas prêt d'oublier. Bravo à l'éditeur !

Chapitrage aléatoire voulu par Lynch sur le premier disque.

DVD 2 : Featurette sur David Lynch à la Fondation Cartier (14 minutes), entretien entre David Lynch et Mike Figgis (19 minutes), featurette "David Lynch/National Film Theatre" (17 minutes), featurette "David Lynch/Londres" (6 minutes) et redondante et trop répétitive.

Dommage qu'on ait pas droit à un making-of du film proprement dit, cela aurait pu clôturer une interactivité un peu pauvre.

Boîtier amaray glissé dans un fourreau qui reprend l'affiche teaser en relief.
Les sérigraphies sont simples mais très jolies.

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