Avant son remarquable "Cujo", le réalisateur Lewis Teague vient avec cet "Incroyable alligator" nous convier à une première histoire d'agression animale, toute aussi sympathique.
Le script suit l'enquête d'un policier et d'une spécialiste des reptiles qui doivent affronter un gigantesque alligator ayant élu domicile dans les égouts de leur ville.
Après une séquence d'introduction nous montrant l'agressivité d'un alligator s'attaquant à un membre du personnel d'un zoo pour finalement alimenter une légende urbaine avec ce bébé crocodile acheté sur place jeté dans les toilettes, nous renseignant ainsi d'entrée sur la provenance du futur monstre, le métrage nous présente son personnage principal, un policier enquêtant sur l'origine de plusieurs membres humains retrouvés flottant à la surface d'un canal, tandis que l'intrigue nous invite également à suivre un vendeur d'animaux approvisionnant un laboratoire de recherches en chiens servant de cobayes à des expériences visant à augmenter la rapidité de croissance des animaux, posant ainsi les bases pour justifier de manière efficace et cohérente l'existence de cet énorme alligator à l'appétit insatiable.
Ensuite l'intrigue déroulera toute une série de rebondissements d'abord très classiques, avec une fouille des égouts qui finira mal pour le coéquipier du protagoniste principal pour un séquence utilisant à merveille les décors nauséabonds et sachant installer un petit suspense et bien entendu personne ne voudra croire le héros lorsqu'il criera au monstre jusqu'à ce que la preuve irréfutable de l'existence de la créature ne soit faite.
Le métrage sortira ensuite des habitudes du genre, après qu'une battue n'ait obligé l'alligator à sortir de son repaire pour aller semer la terreur dans la ville, en diversifiant ses situations de manière originale ( l'attaque de la réception, par exemple ) pour une action sans cesse renouvelée.
Mais outre cette série de situations toujours ravivée par de nouveaux éléments, le métrage saura captiver et intéresser son spectateur au travers d'un développement impliquant largement son personnage principal rendu attachant aussi bien par son passé douloureux que par l'attitude moqueuse de ses collègues et toute une galerie de seconds rôles ironiques viendront graviter autour de lui de façon délicieusement respectueuse du genre ( le chasseur d'alligators pas vraiment à sa place dans la jungle urbaine ), tout en véhiculant un humour aussi bien décalé ( la mère de la spécialiste en reptiles ) que plus volontairement souriant, alors que même la relation amoureuse naissante entre ce personnage principal et cette experte bien plus jeune saura se montrer fraîche et délicatement humoristique, sans tomber dans les stéréotypes grossiers habituels.
Mais ce n'est pas pour autant que l'intrigue négligera son aspect horrifique et la créature sévira de manière parfois plutôt graphique nous gratifiant au passage de quelques plans sanglants et surtout le film comportera quelques plages de suspense probantes même si le final restera quand même prévisible.
L'interprétation est plus que convaincante, avec un Robert Forster idéal dans le rôle principal et c'est avec plaisir que l'on retrouve Henry Silva dans une prestation sérieuse tout en étant pourtant à la limite de la parodie.
La mise en scène de Lewis Teague est vive et dynamique, et se sert d'effets, notamment en caméra subjective, efficaces tout en restant savoureusement référentiels ( en clin d'oeil aux "Dents de la mer", par exemple ).
Les effets spéciaux sont globalement réussis, principalement dans l'animation la plupart du temps crédible de la créature et les effets saignants du métrage sont volontaires sans être outranciers.
Donc, cet "Incroyable alligator" aura largement de quoi ravir les amateurs, grâce à l'amour du genre transpirant efficacement à chaque image de son auteur !
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