Les années cinquante furent longtemps considérées comme l'âge d'or du cinéma Américain. Elia Kazan en a solidement contribué, notamment en signant deux chefs-d'oeuvre sur la même année : "East of Eden" et "Sur les Quais".
A l'époque, personne n'aurait cru que ces oeuvres majeures deviendraient par la suite des films marquants, précurseurs et surtout influençables pour beaucoup d'acteurs et de cinéastes. Avec ce film fort, Kazan met en scène l'histoire de Terry, un docker qui travaille pour des mafieux et qui gagne un misérable salaire. Suite à plusieurs meurtres qui affecteront son entourage et lui-même, il décide de dénoncer les pratiques peu scrupuleuses de ses patrons, mais cela impliquera des conséquences dangereuses.
Pendant plus de cent minutes (si il y a bien une chose à reprocher au film, c'est sa courte durée, on sort avec l'impression de trop peu), Kazan étudie en long et en large la corruption qui règnait à l'époque aux USA et plus principalement sur les "docks", en dénonçant les violentes méthodes utilisées par les syndicats Américains qui traitaient les travailleurs comme des esclaves.
Kazan, connu pour sa sympathie envers le système McCarthyste, retourne ici sa veste en signant un film avant tout humain, ayant pour thème principal la rédemption de son héros (Marlon Brando, inoubliable), doublé d'une tension dramatique palpable et maîtrisée de bout en bout, offrant à ses acteurs secondaires des rôles éternels et jamais clichesques allant même jusqu'à parfois jouer la carte du romantisme.
La mise en scène est d'une beauté fatale, la scène finale reste encore un modèle de réalisation, de montage et de suspense.
En bref, Kazan a osé signer un film à la dimension humaine gigantesque, un pari risqué à l'époque de la chasse aux sorcières qu'il remporte haut la main.
Un film grandiose !

Le film n'a pas été restauré pour sa sortie en DVD, il est donc évident que plus de cinquante ans après, la pellicule souffre un petit peu. On notera un grain parfois trop présent sur les visages des protagonistes, les empêchant d'être mieux détaillés, afin que quelques erraflures mais cela n'a rien de réellement inquiétant, tant l'éditeur donne au chef-d'oeuvre de Kazan une nouvelle jeunesse ! Le noir & blanc se montre éclatant, vif et admirablement défini, la compression de montre quasi invisible sans oublier des contrastes fort appuyées. Certainement la meilleure copie du film à ce jour.

Les puristes auront la chance de (re)découvrir ce film dans sa piste Mono 1.0 d'origine même si cette dernière ne se montre pas parfaite. En effet, on peut déplorer un manque de dynamisme et des effets de distorsion assez dérangeants mais les bande originale et les dialogues sont tellement bien restitués que ces derniers limitent la casse.

Tous les bonus se trouvent sur un seul disque, en compagnie du film.
Commentaire audio du critique Richard Schieckel, documentaire sur le jeu des acteurs (25 minutes), interview d'Elia Kazan (12 minutes), galerie de photos (4 minutes), filmographies et bandes-annonces.

Boîtier amaray classique.

• Liste des autres critiques de ce film

• Liste des autres critiques de Laurent T.

• Critiquer ce film