|
Avec ce "Ichi the killer", le réalisateur japonais Takashi Miike, bien connu pour son goût pour un cinéma violent et extrême, nous livre une histoire complètement démentielle, prétexte à toutes les violences sadiques.
Le script suit les mésaventures d'un yakuza parti à la recherche de son chef mystérieusement disparu, pour se rendre compte que celui-ci a été assassiné par un étrange tueur-justicier, Ichi.
Dès sa première séquence, le métrage nous introduit dans ce monde cruel et brutal des yakuzas japonais pour rapidement suivre leur chef martyrisant une jeune femme que l'on devine prostituée avant de commencer à la violer, mais qui sera interrompu par l'irruption d'une homme qui lui réglera son compte de manière sanglante, si l'on en croit le résultat proche du carnage, déjà volontairement outrancier, que d'autres individus complices vont devoir nettoyer.
Ce n'est qu'ensuite que nous découvrirons celui qui sera le personnage central de l'intrigue, le second du chef disparu cherchant à savoir où ce dernier a pu passer, alors qu'une importante somme d'argent est également manquante, même si le spectateur aura bien sûr une longueur d'avance sur les protagonistes, en connaissant la fin tragique du disparu.
En plus de présenter une allure exagérément terrible, avec ces balafres symboliques et ces entailles prolongeant son sourire, ce bras droit dévoué à son patron fera preuve d'un sadisme sans nom lorsqu'il s'empressera de suivre les indications d'un pauvre bougre dénonçant un yakuza d'une bande concurrente, en n'hésitant pas à le pendre grâce à des crochets lui traversant la peau, avant de lui percer le visage avec de grandes aiguilles et de l'ébouillanter, pour une séquence terriblement évocatrice et douloureuse, confinant presque à l'insoutenable dans un style que le réalisateur affectionne.
L'intrigue multipliera par la suite toute une série de rebondissements souvent utilisés comme subterfuge pour laisser parler une violence sanglante excessive et démesurée ( l'homme coupé en deux, par exemple, ou encore le massacre de la bande de yakuzas dans l'immeuble ), versant souvent dans le sadisme pur ( les tétons sectionnés et l'utilisation récurrente de ces aiguilles pour torturer les victimes, que Takashi Miike réutilisera dans son segment des "Masters of horror" de manière toute aussi vicieuse et malsaine ), tout en nous présentant par étape Ichi le vengeur, qui tranchera largement avec les habitudes du genre, en affichant une personnalité trouble et presque émouvante dans l'exposition de sa douleur intérieure, ce qui le mettra bien entendu en totale opposition avec ce yakuza masochiste aimant autant prendre des coups qu'en donner qui ne tergiversera pas avant de s'auto-mutiler cruellement pour présenter ses excuses suite à une "bavure" de taille.
Évidemment, les scènes-chocs du film resteront un de ses grands points forts, car l'intrigue en elle-même, sans être vraiment d'une originalité folle, aura bien trop tendance à se perdre dans des développements superficiels mettant en scène des seconds rôles pas toujours judicieux et surtout à faire fi de toute cohérence, sans en plus se soucier de se montrer linéaire dans son cheminement, ce qui aura pour résultat d'embrouiller plus que de raison le spectateur ( la scène dans le restaurant, mélangeant les personnages, par exemple ), mais on pourra toujours compter sur l'implication du réalisateur pour garder l'intérêt en nous assenant des séquences délirantes et synonymes d'abus en tous genres, mais qui conserveront un humour noir excellent, jusque dans son final hilarant qui détournera définitivement les grands duels cinématographiques classiques.
L'interprétation est persuasive et efficace, sans trop de surjouage inutile et la mise en scène de Takahi Miike est toujours aussi inventive et dynamique.
Les effets spéciaux sont toujours terriblement expansifs et volontaires, mais on pourra quand même regretter une simplicité les empêchant d'être foncièrement réalistes ( notamment pour ceux avançant des gorges tranchées inondant les victimes de sang de façon bien trop excessive ).
Donc, ce "Ichi the killer" marquera les esprits par ses débordements variés terriblement graphiques et sa violence sadique complètement assumée, mais quelque peu desservie par une intrigue alambiquée et confuse !
|
