Alors que plusieurs autres tueurs en série connus avaient eu droit à une adaptation cinématographique récente de leurs vies, celui qui restera certainement le plus célèbre ne pouvait être en reste, et ce métrage, sobrement intitulé "Ted Bundy" retrace de manière remarquable et crédible le parcours de ce psychopathe effroyable et pervers.
Le script suit donc le parcours de ce serial-killer violeur et nécrophile s'attaquant uniquement à des jeunes femmes, aussi bien pour nous montrer les atrocités qu'il a commises que pour le suivre dans sa vie "normale".
Après un générique présentant plusieurs photos d'archives de Ted Bundy, avançant ainsi d'entrée de souci de réalisme du réalisateur, le métrage nous présente directement son meurtrier pour une première séquence remarquable qui verra notre homme grimaçant devant sa glace pour essayer de paraître normal et accueillant, avant qu'il ne nous soit permis de le suivre dans ses activités diverses de kleptomane, pour une présentation presque légère et souriante d'un individu volant tout et n'importe quoi ( la télévision, la plante verte géante ).
Mais insidieusement, le ton du film va devenir plus grave, lorsque Ted Bundy va suivre cette demoiselle jusqu'à chez elle pour finalement uniquement se masturber en la regardant se déshabiller au travers d'une fenêtre.
Ensuite, l'intrigue va s'ancrer quelque peu dans la partie "normale" du personnage avec sa relation amoureuse quand même un peu spéciale avec cette jeune mère à qui il n'accorde que peu d'attention, avant que le premier meurtre ne survienne, montré de façon froide et assez violente.
Le métrage s'appliquera par la suite à nous dévoiler les méthodes aussi variées qu'élaborées avec un soin et une intelligence diabolique ( le plâtre ) utilisées par le tueur pour attirer ses victimes puis leur faire subir les derniers outrages, qu'elles soient mortes ou vives, sans pour autant que l'ensemble ne sombre dans la facilité en ne versant jamais dans la violence gratuite ou dans l'abject, en sous-entendant plus qu'en ne montrant les méfaits de l'assassin.
Les différents rebondissements proposés respecteront bien entendu les faits réels et ainsi nous assisterons aussi bien à sa première erreur avec une victime parvenant à s'échapper qu'à son arrestation puis sa vie en prison ( même si cette partie sera vite expédiée ), puis ses évasions avant qu'un dernier massacre odieux ne vienne clore la "carrière" de meurtrier de Ted Bundy finalement arrêté pour de bon, et le métrage ira au bout de son sujet en s'achevant sur la mise à mort du criminel, montrée à l'aide d'un réalisme presque sordide ( la préparation de l'exécution ), mais sans pour autant réellement chercher à ce que Ted Bundy n'inspire la moindre pitié dans les derniers instants de sa vie, même si on pourra toujours s'interroger sur la prise de position vis à vis de la peine de mort de l'auteur.
Mais ce qui fait la force du film, c'est de parfaitement mettre en parallèle les deux personnalités de Ted Bundy, tour à tour quasiment normal ( même si son attitude envers sa petite amie laisse parfois songeur et prouve que sa folie commence à prendre le dessus, surtout lors de leurs accouplements ) et complètement dément, jusqu'à end evenir glaçant, lorsqu'il s'agit de commettre des crimes odieux ( la palme revenant à la séquence au bord de l'eau où l'assassin enlèvera deux jeunes femmes avant d'en violer puis d'en tuer une sous le regard horrifié de l'autre ).
Et le film, dans son analyse pointue de la personnalité du serial-killer, ne versera que rarement dans la grandiloquence et s'aventurera que sporadiquement dans les clichés du genre, avec notamment cette course-poursuite à travers bois bien classique, tout en parvenant à être très régulièrement inquiétant et en générant une tension réelle lors de scènes fortes et riches en émotions malsaines ( le dernier massacre ).
L'interprétation est convaincante, avec un Michael Reilly Burke plus que crédible dans le rôle-titre en évitant tout surjouage et la mise en scène du réalisateur est probante, utilisant ses effets avec justesse, avec des plans en caméra subjective judicieux et impactants.
Les quelques effets spéciaux du film sont réussis, même si le film n'est pas vraiment sanglant ( et pourtant c'est Tom Savini qui s'en est chargé, tout en s'offrant d'ailleurs un petit caméo discret ) et les maquillages des cadavres sont d'un réalisme bluffant.
Donc, ce "Ted Bundy" fait froid dans le dos en nous présentant un portrait fiable et vraisemblable d'un assassin vraiment détraqué et pervers mais d'autant plus dangereux qu'on lui donnerait le bon Dieu sans confession !
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