Avec cet "Ascenseur", lauréat du grand-prix à Avoriaz en 1984, le réalisateur hollandais Dick Maas nous offre un film prenant un cadre original pour nous conter une histoire simple mais prenante, symptomatique des peurs d'alors quant aux nouvelles technologies.
En effet, le script met en scène un réparateur d'ascenseurs confronté à un de ces appareils se comportant anormalement, causant ainsi de nombreux "accidents".
Dès sa séquence d'introduction, le réalisateur va admirablement jouer avec l'effet de claustrophobie que l'on peut ressentir dans ces appareils pour mettre en scène un premier incident arrivant à quatre fêtards passablement inhibés, parvenant parfaitement à rendre compte de leur situation peut enviable grâce à un cadrage et des effets appropriés. Ensuite, le métrage va bien sûr nous présenter son personnage principal, un réparateur consciencieux qui va devoir faire face à d'autres accidents causés par l'ascenseur, aidé dans son enquête par une journaliste intéressée par le sujet pour son journal à scandales.
Alors bien sûr, l'argument de base de l'intrigue, un ascenseur vivant et meurtrier, aurait pu largement prêter à sourire, mais le réalisateur, en ancrant son métrage dans une réalité quotidienne riche en détails et en avançant au fil de l'intrigue des arguments scientifiques envisageables à défaut d'être complètement crédibles ( mais bien en phase à les craintes du moment concernant les expériences des savants oeuvrant dans les nouvelles technologies ), parvient à rendre l'ensemble cohérent et à embarquer le spectateur dans son intrigue sans que celui-ci ne se pose de questions.
Car au-delà de ce fil conducteur quand même fantaisiste, Dick Maas s'implique largement dans ses personnages auxquels il s'efforce d'apporter un minimum de profondeur ( le personnage principal et ses problèmes conjugaux ), tout en dressant souvent ironiquement une galerie de portraits d'intervenants tour à tour lubriques ( les bourgeois de l'introduction ), louches ( le responsable du nettoyage nocturne de l'immeuble ) ou pittoresques ( le policier et ses vacances ), mais toujours souriants et hauts en couleurs, apportant ainsi un touche particulière à l'ensemble.
Mais cela n'empêche aucunement le métrage de comporter son lot de séquences-chocs, visualisant des "accidents" assez vicieux ( la scène reconnue de l'aveugle, la décapitation du surveillant, par exemples ), parfois de façon graphique, tout en sachant générer un suspense conséquent et étouffant, misant avantageusement sur l'attente, notamment lors d'un final particulièrement prenant.
L'interprétation est convaincante, juste et sans surjouage nuisible et la mise en scène du réalisateur est fluide, cadrant de près l'action, tout en ménageant quelques effets de surprise probants ( le rat, par exemple ).
Les quelques effets spéciaux sont plutôt réussis, ne nécessitant que quelques plans sanglants peu expansifs.
Donc, cet "Ascenseur", même s'il a légèrement vieilli, demeure convaincant et captivant, en grande partie grâce au savoir-faire de son réalisateur, dont c'était pourtant le premier réel long métrage !
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