Pour son segment des "Peliculas para no dormir", Narciso Ibanez Serrador, à qui l'on doit entre autres le petit classique du genre "La résidence", a choisi de nous conter une histoire privilégiant largement l'ambiance et une atmosphère délétère à l'action.
En effet, le script nous conte l'installation d'une mère célibataire, infirmière de profession, et de sa petite fille chez une collègue gynécologue habitant dans une étrange demeure et se livrant à des avortements clandestins.
Après une très brève scène d'introduction déjà pleine de mystère, le métrage s'intéresse de près à ses personnages que le réalisateur prend le temps de nous présenter de façon intimiste au travers de l'arrivée de cette jeune femme et de sa fillette chez une collègue plus âgée qui se propose de les héberger pour les dépanner financièrement, et rapidement, un climat ambigu s'installe, tant les motivations et les intentions de cette logeuse demeurent volontairement troubles, alors que la demeure en elle-même présente des aspects menaçants ( avec notamment cette porte fermée que quelqu'un semble essayer d'ouvrir ) et que différents éléments viennent en plus titiller le spectateur ( qui est donc cette mystérieuse Christina évoquée dont l'héroïne retrouve un médaillon à son nom dans la salle de bains ? ).
Ensuite, après cette mise en situation prenante et captivante, l'intrigue va alors développer de nouvelles orientations ( les avortements ), tout en rationalisant certains aspects du début, pour embarquer le spectateur dans un tourbillon de non-dits et de sous-entendus dérangeants ( la boîte de la fillette et son contenu supposé ), laissant le soin à notre imagination de livrer une interprétation toute personnelle que même le final hautement symbolique ne viendra pas guider dans une réelle direction.
Alors bien sûr, on pourra regretter que l'auteur laisse un certain nombre de questions sans aucune réponse définitive ni même partielle, mais ceci passera au second plan comparé à la réussite formelle de l'ensemble, aussi bien dans une narration au rythme certes lent mais tout à fait adapté à l'intrigue et à l'évolution de celle-ci que dans l'ambiance si spéciale et troublante parfaitement retranscrite, parvenant aisément à mettre le spectateur mal à l'aise, même si le réalisateur se refuse à dériver vers des séquences trop graphiques.
L'interprétation participe également à la réussite de l'ensemble, avec les deux actrices principales qui officient sans aucun surjouage pour un jeu tout en justesse, et la mise en scène de Narciso Abanez Serrador est on ne peut plus adéquate, en parvenant à s'effacer pour laisser s'exprimer l'intrigue, mais tout en devenant partie prenante lorsque cela s'avère nécessaire.
Donc, ce "La faute" arrivera sans mal à intriguer et à captiver son spectateur de bout en bout, malgré ses développements peut-être trop nombreux pour être vraiment traités au cours de la durée imposé par le format de la série !
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