Toujours porté par le charismatique Vincent Price, ce "Retour de l'abominable Dr Phibes" prolonge agréablement l'expérience du premier film, mais au-delà de l'impact visuel évident, l'ensemble demeure quand même superficiel.
Le script nous invite à suivre le Dr Phibes ressuscité en Egypte où il compte bien redonner la vie à sa défunte femme Victoria, grâce à une rivière miraculeuse, n'hésitant pas bien sûr à se débarrasser de ceux qui voudraient contrarier son projet.
D'entrée, le métrage réintègre fidèlement l'univers baroque et lyrique propre au film précédent pour d'abord revenir brièvement sur les événements antérieurs avant de faire revivre le Dr Phibes ( contredisant quelque peu le final de "L'abominable Dr Phibes" ) qui va rapidement se rendre compte que le parchemin devant le mener à cette rivière d'éternité a disparu. Mais aidé de sa fidèle alliée Vulnavia ( qui ajoute ainsi un petite touche sexy à l'ensemble ), il va très vite retrouver son bien, alors en possession d'un autre archéologue recherchant l'immortalité, entraînant ce dernier dans une course-poursuite en Egypte où se trouve cette rivière.
Outre les séquences se rapportant à la relation post-mortem qu'entretient le Dr Phibes avec sa défunte épouse, bien souvent empreinte d'un surréalisme probant et prétexte à des tirades homériques d'un Vincent Price parvenant à faire passer des émotions malgré le système de vocalises bien spécial qui lui permet de parler sans ouvrir la bouche, pour une véritable ode à l'amour éternel, le principal attrait du film réside bien entendu dans les séquences de meurtres orchestrées de manière très théâtrale ( et il n'y a rien de péjoratif dans ce terme ), bien que régulièrement improbable, où tout le raffinement macabre et la cruauté méchante mais en même temps réjouissante du personnage ressortira pour nous offrir quelques pièges parfois surprenants ( le téléphone ) ou versant dans des effets sanglants presque étonnants pour l'époque ( l'attaque de l'aigle, les scorpions ), quand une certaine ironie tragique ne viendra pas s'ajouter à l'ensemble ( la bouteille ).
Car sinon, l'intrigue en elle-même, avançant de manière parfois illogique sans grand respect de la chronologie, demeurera bien évasive et superficielle, et on sent bien qu'elle n'est qu'un prétexte pour enchaîner ces tableaux morbides mettant une nouvelle fois en valeur l'ingéniosité macabre du Dr Phibes.
Mais cela ne sera pas vraiment gênant, surtout qu'un humour noir très fin et parfois même absurde, surtout apporté par les personnages des deux policiers mais aussi issu des répliques assassines et cruelles de Vincent Price, vient régulièrement apporter une touche souriante à l'ensemble.
L'interprétation est convaincante, bien entendu largement dominée par un vincent Price toujours aussi habité, mais on retrouvera également quelques "gueules" du cinéma britannique comme Hugh Griffith et Robert Quarry, alors que Peter cushing viendra faire un petit caméo sympathique.
La mise en scène du réalisateur est convaincante, alternant des plans serrés à ceux d'ensemble n'hésitant pas à mettre en valeur des décors pourtant bien kitschs, mais peine parfois à donner du rythme au métrage. Les effets spéciaux sont globalement réussis, voir même bluffants, malgré quelques maquillages sanglants un peu visibles.
Donc, ce "Retour de l'abominable Dr Phibes", s'il n'aura pas l'impact de son prédécesseur, se savourera quand même largement grâce à sa beauté désuète et à son inventivité très cruelle et ironique dans ses mises à mort !
|