Après que les producteurs et scénaristes aient "américanisé" le personnage lors de la période Brosnan qui comportait des films d'action bourrins (GoldenEye, Tomorrow Never Dies), une tentative de retour aux sources ratée (le très mou The World is not Enough) et un véritable film d'espionnage malgré une deuxième partie exagérée mais jouissive (Die Another Day), ils ont cette fois-ci décidé de faire un grand bond en arrière et de dépoussiérer un mythe considéré pour beaucoup de cinéphiles comme has been.
En adaptant le premier roman de Ian Fleming, horriblement parodié en 1967 mais jamais porté à l'écran officiellement pendant quarante ans, Wilson et Brocoli ont pris un risque énorme tant le James Bond de CASINO ROYALE est très différent de celui qui a été interprété dans les films précédents : froid, arrogant, égoïste, prétentieux, brutal et se comportant comme une véritable crapule tuant de sang-froid sans le moindre remord. Pour se faire, il fallait exclure tous les comédiens "beaux gosses" qui ont été auditionné pour le rôle de l'agent secret le plus célèbre de la planète, il faut un acteur à formation dramatique capable de laisser passer toutes les émotions du roman, de la violence à l'amour en passant par la tristesse et le sentiment de trahison. Critiqué pour sa blondeur plutôt que par son jeu, Daniel Craig est l'homme de la situation. Beau, grand, musclé, charismatique, regard perçant et flegme Britannique évident, il EST véritablement James Bond.
Si on regarde en arrière, aucun acteur (ou presque) n'a été fidèle au personnage décrit dans les romans : Connery était un dragueur mais un bon bagarreur; Lazenby un gros fada sans talent ni jeu correct; Moore un papy comique qui a failli couler la saga (sur les sept films dans lesquels il a joué, seulement trois en sont très bons); Dalton était très académique mais se rapprochait déjà de plus en plus du personnage original et Brosnan n'était qu'un mannequin de La Redoute ne salissant jamais sa chemise et qui restait invulnébrale, comme un super-héros. Il est donc plus qu'évident que l'arrivée de Craig fait un bien fou et donne un sacré coup de jeune à la saga, tant il est archi fidèle à l'agent secret imaginé par Fleming.
Les scènes d'action sont peu nombreuses mais leur longue durée compensent ce petit manque et l'absence totale de gadgets ainsi que de Q ou de Moneypenny laisse respirer le spectateur et le fan assidi qui en avaient marre de se farcir la même recette pendant chaque épisode. CASINO ROYALE revient donc à un Bond traditionnel, plus vrai que nature et surtout ultra réaliste, donnant au personnage des faiblesses psychologiques bienvenues.
Le meilleur James Bond, devant "From Russia With Love", "Goldfinger" et "The Living Daylights".
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