Ce "Rottweiler", pourtant réalisé par Brian Yuzna et porteur d'un script alléchant, peine à tenir ses promesses en s'éloignant bien trop souvent de son concept d'origine.
Le script nous présente un détenu évadé d'un camp de prisonniers qui va se retrouver poursuivi par un énorme rottweiler visiblement trafiqué génétiquement pour être encore plus dangereux et agressif.
D'entrée, le métrage nous présente son héros au travers de son évasion rocambolesque et peu crédible de ce camp situé dans un avenir proche, alors qu'il sera tout de suite pourchassé par ce rottweiler plus qu'agressif ( il faudra voir comment le chien s'attaque au compagnon d'évasion du personnage principal ), permettant déjà au réalisateur de nous offrir une première séquence assez sanglante jusque dans ses détails ( le bras sectionné ), avant de nous inviter à suivre la fuite de cet homme ( dont nous découvrirons l'histoire par de nombreux flashbacks disséminés tout au long du film ) au gré de ses diverses rencontres toujours interrompues par l'arrivée du molosse meurtrier.
Si la partie de l'intrigue mettant en scène les attaques du chien seront plutôt réussies, bien souvent graphiques dans des assauts gores assez généreux, arrivant même par instants à créer une petite tension et un minimum de suspense tout en se montrant un brin sadique ( la mort de la mère sous les yeux de sa fillette ), même si l'on frise parfois le ridicule ( les visions oniriques du héros ), le film aura bien trop tendance à délaisser cet aspect de l'histoire pour s'intéresser à celle du héros, bien improbable ( l'origine de ses déboires avec cette "infiltration" ) et surtout gentiment prévisible, même si Brian Yuzna semble largement croire apporter une grande "révélation" lors d'un final pauvre en émotions.
De plus, les différentes rencontres faites lors de cette fuite en avant du personnage principal n'apporteront pas grand-chose, amenée sans grand souci de linéarité, et seule l'intervention du chasseur de primes du début du métrage aura un semblant de consistance, laissant les autres intervenants surnager dans un marasme quelconque, bien que parfois quelque peu déroutant ( la mère de la fillette ), mais aussi complètement déplacées ( le fantôme du cimetière ).
Mais la vraie vedette attendue du film est bien sûr le rottweiler, et celui-ci remplit son rôle de belle manière, bénéficiant il est vrai d'un look assez dévastateur, malgré son temps de présence à l'écran finalement assez réduit. Par contre, le script restera bien vague sur l'origine de sa mutation pour sa transformation en un chien évoquant bien entendu une sorte de "terminator canin" ( voir le final ) et il faudra se contenter du résumé de la jaquette pour avoir des éléments de réponse évasifs.
L'interprétation est cohérente, malgré un William Miller ne faisant preuve d'aucun charisme, et c'est avec plaisir que l'on retrouve Paul Naschy dans un second rôle croustillant. La mise en scène de Brian Yuzna est dynamique, déroule quelques plans intéressants ( en travellings réussis notamment ), mais utilise de façon bien simpliste la caméra subjective pour un résultat sans impact.
Les effets spéciaux sont globalement probants, aussi bien dans l'animation souvent invisible du rottweiler que pour les effets sanglants du métrage, certes vaguement répétitifs ( les morsures à la gorge ) mais se faisant toujours de manière volontaire, et seuls quelques plans utilisant le numérique laissent légèrement à désirer ( l'explosion du final ).
Donc, ce "Rottweiler", malgré ses quelques petits moments de bravoure, laissera quand même son spectateur sur sa faim, à cause de ses ellipses flagrantes et de ses "hors-sujet" bien trop récurrents ! !
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