Tout droit sorti du catalogue de la firme "Eurociné", bien connue des amateurs de séries Z bien ringardes, ce "Orloff et l'homme invisible" ( également connu sous le titre "La vie amoureuse de l'homme invisible" ), malgré un aspect formel quelque peu décevant, nous offre quelques délicieux moments kitschs et mémorables.
Le script envoie un jeune médecin au chateau du professeur Orloff, où après diverse mésaventures, il va rencontrer le maître des lieux qui va lui faire-part de sa fabuleuse invention, un homme invisible lui obéissant, mais le médecin va également découvrir la face cachée de cette trouvaille.
Le métrage expédie la présentation de son personnage principal, ce jeune médecin appelé au chevet d'un malade au chateau du mystérieux professeur Orloff, qui semble effrayer la population, dans une tentative plutôt ratée de renouer avec l'ambiance pleine de sous-entendus des villageois apeurés à l'évocation de nom de Dracula ou de Frankenstein dans les films de la Hammer, avant que notre homme ne se retrouve finalement abandonné par son cocher en pleine forêt hostile ( oui, enfin, sous la pluie, quoi ! ) pour après un temps d'errance arriver enfin à sa destination.
Une fois encore, le métrage essayera vainement de retranscrire une atmosphère gothique, mais aussi bien le cadre, avec ce chateau pas assez lugubre, que l'apparition du domestique arriéré n'auront d'impact sur le spectateur, plutôt pressé de découvrir ce professeur Orloff et l'homme invisible du titre.
Heureusement, lorsque le film se décidera enfin à introduire Howard Vernon, reprenant ainsi un de ses rôles fétiches ( chez Jess Franco ), après encore quelques avertissements d'une servante, l'acteur se montrera une fois encore à la hauteur et saura par son charisme rendre vivante l'évocation de sa création, avant qu'il ne conte à son visiteur l'origine bien fantaisiste de sa découverte pour un très long flashback finalement presque hors-sujet et sans réel effet, malgré l'introduction d'une violation de sépulture.
Mais c'est surtout dans son dernier acte que le métrage va sévèrement péter les plombs en nous révélant la vraie nature du professeur Orloff, qui n'hésitera pas à offrir en pâture sa servante à son homme invisible, pour une séquence de viol tordante et inoubliable, avant que le réalisateur n'ait l'audace de nous dévoiler la réalité de son homme invisible, plongeant ainsi le film dans les abîmes du ridicule, même si le final sera un brin sadique ( mais sans rien montrer ) lors de la mise à mort de la créature.
Le principal défaut que l'on pourra faire à ce métrage, c'est la durée bien trop longue mise en oeuvre pour assurer l'installation de l'intrigue, nous obligeant à suivre les déboires pénibles et fastidieux du héros, extrêmement mal interprété en plus par Paco Valladares, un obscur acteur espagnol définitivement inexpressif et ahurissant par son jeu transparent, mais heureusement que Howard Vernon assure à lui seul le spectacle, bien secondé par des "gueules" impayables, tel Fernando Sancho campant un garde-chasse pervers.
Par contre, les manifestations de l'homme invisible seront bien basiques et parfois cousues de fil blanc, pour quelques objets se déplaçant , avec un fil que l'on pourra facilement entrevoir dans certains plans, et le graphisme bien foireux de la créature servant d'homme invisible confineront l'ensemble dans le grotesque et le dérisoire que l'érotisme complètement gratuit ( la servante qui se déshabille pour mieux se rhabiller quelques instants plus tard ) ne viendra pas compenser, même s'il culminera lors de la séquence-culte du film, avec ce viol surréaliste.
La réalisation de Pierre Chevalier usera et abusera d'effets de zooms et de gros plans parfois inappropriés tout en utilisant quelques autres effets bien faciles ( les flous ).
Donc, ce "Orloff et l'homme invisible" , malgré sa lenteur à démarrer véritablement son intrigue, se laissera agréablement suivre, et compensera en partie ses faiblesses par quelques séquences bien folles et inoubliables !
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