Avec "Session 9", le réalisateur Brad Anderson, à qui on doit l'excellent "The machinist", nous livre un métrage plein, au suspense omniprésent et qui parvient aisément à aspirer son spectateur et à le captiver de bout en bout.
Le script place le patron d'une entreprise désamiantage et ses quatre employés dans un asile abandonné qu'ils sont chargés de désinfecter avant sa rénovation. Mais peu à peu, l'ambiance étrange dans lieux et des dissensions dans le petit groupe vont venir perturber leur travail.
Après une mise en situation qui permet surtout au spectateur de découvrir le cadre impressionnant du film, ce gigantesque asile délabré tout en couloirs et en salles de "soins" aux sous-entendus douloureux, bien mis en avant par le guide faisant visiter les lieux aux deux personnages principaux, le métrage s'attache justement à nous dresser le portrait de ces cinq spécialistes du désamiantage, chacun ayant sa personnalité propre et suffisamment réaliste pour s'attirer l'adhésion du spectateur, tout en laissant déjà entrevoir des tensions sous-jacentes.
C'est peu à peu, insidieusement, que le réalisateur va laisser une tension s'installer, en multipliant des petits détails intrigants ( les voix, par exemple ), tout en mettant en avant les comportements mystérieux des différents protagonistes rendant bien entendu certaines de leurs motivations obscures ( le jeune homme cherchant à s'isoler pour écouter les vieux enregistrements des différentes sessions d'interrogatoires d'une patiente ), brouillant ainsi complètement les pistes et ne donnant au spectateur que peu d'éléments quant à l'orientation future du métrage, en oscillant constamment entre une réalité trouble et un fantastique qui n'ose pas se dévoiler au grand jour.
Et au fur et à mesure que l'on avance dans l'intrigue, le climat va se désagréger, surtout après l'étrange disparition d'un des employés ( lors d'une séquence nocturne dans l'asile tout simplement terrifiante ), augmentant de la sorte la tension qui régnait déjà auparavant pour la pousser à son paroxysme lors d'un dernier acte au suspense à couper le souffle qui débouchera sur un final assez méchant, avant qu'un twist bien tardif mais original tout en venant s'imbriquer parfaitement à l'ensemble ne vienne éclairer le spectateur sur la totalité du métrage.
En se focalisant sur deux de ses personnages, le réalisateur amène naturellement le spectateur à prendre position entre les deux points de vue bien contradictoires ainsi exprimés, tout en semant constamment le doute dans l'esprit, nous rendant de la sorte beaucoup plus réceptif aux différentes situations, tendues et annonciatrices du sinistre dénouement, qui parcourent régulièrement le métrage, et la mise en parallèle des auditions sonores de cette ancienne patiente avec les agissements bizarres des personnages accroît encore l'atmosphère de sourde terreur qui englobe le métrage.
Le film peut largement s'appuyer sur une interprétation solide, instantanément crédible et d'une rare justesse, alors que la mise scène de Brad Anderson est remarquable, suivant de près l'action ou isolant la caméra de manière à apporter un certain recul parfois bien dérangeant. De plus, les remarquables décors sont parfaitement utilisés et augmentent l'impression de menace latente inhérente au film, aussi bien lors de plans promenant la caméra dans les couloirs sinistres que lors de vues d'extérieurs d'ensemble nous rappelant l'imposante architecture des lieux.
Donc, ce "Session 9" s'avère être foncièrement réussi, même s'il manque légèrement de profondeur pour s'enflammer entièrement !
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