C'est en profitant avec une facilité certaine de la nouvelle vague de films fantastiques initiée par le "Ring" d'Hideo Nakata que ce "Face" vient à son tour nous conter sa petite histoire de fantôme, certes intéressante, mais terriblement formatée et avare en frissons.
Le script met en scène un spécialiste de la police scientifique qui, dans le but de retrouver l'identité de cadavres découverts à l'état de squelette, est chargé de reconstituer le visage des victimes à l'aide des crânes de celles-ci, l'entraînant dans une affaire de transplantations cardiaques dans lequel pourrait être mêlée sa fillette récemment greffée du coeur.
C'est sur ce postulat de base que le métrage va développer son intrigue de manière linéaire, en faisant régulièrement avancer l'enquête menée par son personnage principal tiraillée entre sa conscience professionnelle le poussant à poursuivre son travail et l'amour pour sa fillette qui a du mal à se remettre de sa greffe, mais hélas, malgré toute la bonne volonté affichée par le réalisateur d'essayer de brouiller quelque peu les pistes, l'ensemble restera terriblement prévisible, surtout que la séquence d'introduction aura la bien mauvaise idée de révéler au spectateur une bonne partie du mystère entourant le sort réservé à ces squelettes retrouvés brûlés à l'acide, atomisant ainsi d'entrée une bonne partie du suspense que le film aurait pu générer.
Et si le métrage intègre très tôt son élément fantastique en proposant plusieurs séquences qui échoueront invariablement dans leur tentative d'effrayer le spectateur, tant elles demeureront téléphonées et basiques ( la salle de bains ), celui-ci aura bien du mal à s'accommoder avec le reste de l'intrigue, même s'il aura tendance à s'estomper dans la seconde moitié du film, laissant la place à l'enquête et à la bluette naissante entre le personnage principal et la demoiselle providentielle débarquée pour l'aider dans ses recherches, et les "révélations" du dernier acte du film auront le don de se cantonner aux sentiers battus du genre, tout en restant envisageables bien avant leur mise en évidence avancée sans artifice, au moyen de procédés trop courants ( la séquence onirique dans la chantier et son implication quasiment immédiate dans la réalité, par exemple ).
Mais à côté de cela, le métrage se laisse suivre agréablement, grâce à une interprétation convaincante qui arrive sans mal à rendre les deux principaux protagonistes attachants, tout en laissant leurs sentiments transpercer l'écran, et également grâce à une intrigue qui avance constamment, apportant des éléments nouveaux très régulièrement et l'impression constante d'avoir toujours une longueur d'avance sur les personnages permet d'appréhender le film plus tranquillement.
Par contre, il est fortement dommage que le réalisateur cantonne ses apparitions spectrales dans un style sans aucune originalité. En effet, comment ne pas penser immédiatement à "Ring" devant ce fantôme féminin aux cheveux longs et noirs, ne laissant entrevoir de son visage qu'un oeil se voulant menaçant ou encore se remémorer "The grudge" devant ce même spectre évoluant au plafond.
La mise en scène du réalisateur est cohérente, n'utilisant que peu d'effets mais suivant bien l'action, et les quelques effets spéciaux sont probants, aussi bien pour la maquillage du fantôme que pour les deux ou trois plans sanglants du film ( concentrés dans la séquence d'ouverture, certainement la plus efficace du métrage ).
Donc, ce "Face" supportera largement une vision, mais reste définitivement condamné à stagner dans l'ombre de ses illustres prédécesseurs !
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