Même s'il profite quand même du renouveau du cinéma fantastique asiatique pour imposer son histoire de fantômes, ce "Shutter" propose une intrigue captivante, parvenant régulièrement à surprendre et à générer quelques petits frissons.
Le script place un jeune couple au centre de phénomènes inexpliqués dont l'origine semblerait être un accident de voiture au cours duquel ils ont renversé une jeune femme sans s'arrêter pour lui porter secours, à moins que...
Sans perdre de temps, le métrage se lance directement dans son intrigue, après avoir esquissé une courte présentation des personnages principaux, pour rapidement placer sa séquence d'accident ( par ailleurs peu expansive ) qui entraînera le déclenchement d'une série d'événements singuliers avec notamment l'apparition incongrue d'une silhouette de femme ressemblant étrangement à celle accidentée sur des clichés pris par le personnage principal, photographe professionnel.
C'est de manière souvent habile que le film va mélanger ses séquences angoissantes parvenant à créer un climat tendu, alimenté en partie par les cauchemars très graphiques des personnages ( l'amphithéâtre ), à celles faisant plus particulièrement avancer l'intrigue, mettant ainsi peu à peu en place les pièces d'un puzzle malsain, même si parfois certains éléments essayant d'apporter une surenchère de sensations fortes tombent légèrement à plat ( le devenir de Natre ), tout en s'offrant également un petit soupçon de dérision sur le genre lors d'une scène délicieusement ironique.
Et c'est consciemment que les auteurs vont tenter tout au long du film de troubler le spectateur, en orientant l'intrigue dans plusieurs directions différentes, impliquant de fait plusieurs origines possibles aux manifestations surnaturelles, tout en nous offrant quelques rebondissements inattendus et efficaces, pour mieux laisser s'exprimer une vérité peu reluisante dans une dernière partie intelligente et forte, avant qu'une dernière révélation finale originale et "séduisante" ne viennent clore l'ensemble de manière mémorable avec une symbolique forte.
En plus, les deux réalisateurs accordent à leurs personnages un minimum de psychologie, suffisamment pour faire ressortie de façon cohérente, presque intimiste, leurs peurs et nous les faire ainsi plus facilement partager.
L'interprétation est convaincante, avec assez de retenue pour être crédible. La mise en scène est vive, alerte, imposant au film un rythme régulier, sans temps morts, laissant se manifester un suspense constant et les effets de surprise fonctionnent parfaitement.
Les effets spéciaux sont probants, essentiellement axés sur la visualisation d'un fantôme au look réussi, malgré une appartenance à la mouvance trop visitée des "jeunes filles en blanc aux longs cheveux sales" initiée par le "Ring" D'Hideo Nakata.
Donc, ce "Shutter", tout en comportant son lot de scènes fortes et efficaces, peut également s'appuyer sur une intrigue intelligente pour captiver et impliquer son spectateur !
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