Cet "Homme et le monstre", réalisé par le prolifique réalisateur mexicain Rafael Baledon, s'intéresse de manière assez probante au mythe de Faust, tout en l'agrémentant d'un monstre directement inspiré des loups-garous.
En effet, le script nous présente un pianiste renommé qui, jaloux de voir une des ses élèves le surclasser, va l'assassiner et nouer un pacte avec le Malin lui conférant la gloire et un doigté inégalable au piano, mais en contre-partie, dès qu'il jouera ou entendra un air spécifique, il se transformera en monstre sanguinaire.
Après une séquence d'introduction nous permettant déjà de faire la connaissance de quelques uns des personnages du film, tout en créant un climat de mystère autour de la maison de ce pianiste et de la chose effrayante qu'elle renferme. Ensuite, le métrage s'accommodera d'une trame plus classique pour nous présenter véritablement ses personnages via l'arrivée d'une sorte de journaliste venant enquêter sur le pourquoi de la retraite anticipée de ce pianiste alors en pleine gloire ( et pour cause... ), tout en laissant régulièrement se greffer à l'ensemble des éléments intrigants nous faisant entrevoir l'horrible vérité que l'auteur ne manquera pas de nous révéler en un long flash-back édifiant.
Une fois la clarté faite sur cette étrange situation, l'intrigue s'engouffrera avec une certaine facilité dans une série de rebondissements ( impliquant une répétition du passé ) qui s'avéreront être bien souvent prévisibles mais parvenant quand même à captiver le spectateur, jusqu'au final certes moralisateur mais aussi prenant et porteur d'un suspense non négligeable.
Et si le monstre du film pourrait largement prêter à sourire, avec son faciès de lycanthrope qui ne veut pas se nommer, tant le maquillage a quelque chose de grotesque, c'est ici avec un sérieux inébranlable que l'auteur n'hésite pas un instant à le filmer sous toutes ses coutures, lors de séquences porteuses d'une violence bien inoffensive de nos jours ( même si le meurtre d'une fillette, bien entendu non montré, a toujours tendance à choquer pour des productions de cette époque ), mais également pour faire ressortir la dualité existante entre les deux aspects du personnage principal ( injectant ainsi au métrage une petite dose de "Dr Jekyll and Mr Hyde" évidente ), ce qui ne fera que renforcer l'impact dramatique du film.
Si l'origine du métrage pouvait rendre réticent, celle-ci parvient instantanément à se faire oublier, en ne laissant que quelques décors et accoutrements ( les policiers ) nous rappeler l'appartenance de l'oeuvre au cinéma mexicain.
L'interprétation est convaincante, sans aucun surjouage nuisible, et la mise en scène du réalisateur est vive, alerte et parvient à donner un bon rythme au métrage qui ne souffrira que de peu de temps morts. Bien sûr, les effets spéciaux font bien plus sourire qu'autre chose, aussi bien le maquillage très kitsch du monstre que les transformations en "stop-motion" trop visibles.
Donc, cet "Homme et le monstre", même s'il n'adjoint à un script de base original quasiment que des situations peu innovantes, reste facilement regardable et offre même quelques moments d'une intensité appréciable !
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