Le titre, d'abord, est une anti-phrase : les Prizzi n'ont pas d'honneur. Le roman de Richard Condon, adapté par l'auteur, une satire de la Maffia, offre à Huston un matériau idéal pour se livrer à un détournement du genre où son talent sardonique se donne libre cours. Le film a une vitalité, une invention permanente, un sens du détail et de la composition; tous les acteurs sont merveilleux, de Nicholson avec ses yeux glauques et son regard éberlué à l'extraordinaire William Hickey en vieux Don faussement gaga qui adore rouler son monde, en passant par Angelica Huston au sérieux tragique et Kathleen Turner en blonde criminelle. L'honneur des Prizzi est, on l'aura compris, une oeuvre grisante où l'on savoure chaque plan (superbement éclairé par Bartkowiawk que Lumet fit débuter dans Le prince de New York), chaque réplique d'une intrigue complexe où chacun trompe l'autre dans une surenchère de malice et d'effronterie.
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