Sous couvert de film de genre, ce "Darkly Noon" se révèle être un drame poignant abordant de nombreux thèmes dont l'intégrisme religieux, la solitude et la mort.
Le script nous présente un jeune homme, seul rescapé du massacre de sa famille faisant partie d'une secte d'intégristes religieux, perdu en pleine forêt et recueilli par un couple, dont il tombera amoureux de la femme, au point de sombrer dans un démence principalement causée par ses croyances.
Darkly Noon est donc le nom de cet homme découvert hagard en pleine milieu de nulle part que la métrage nous présentera dans sa première partie au travers de sa rencontre avec celle qui va l'héberger, pour une confrontation de deux mondes bien différents, entre le naturalisme presque provocant de la femme et la timidité inhérente à ses origines de ce jeune homme qui ne jure que par la Bible et le pêché. Mais peu à peu, notre homme va s'ouvrir aux joies de la Vie en tombant sous le charme de sa logeuse, suffisamment pour voir son nouvel univers plein d'espoir détruit par le retour de voyage du mari et sombrer peu à peu dans une folie dévastatrice.
Sans réellement prendre parti pour son personnage principal ni ses convictions traditionalistes, le réalisateur cherche et parvient facilement à nous le rendre attachant, aussi bien dans sa naïveté face à sa tentatrice que dans son comportement timoré au possible et amène ainsi parfaitement cette cassure brutale dans le métrage signifiée par l'arrivée, dont on finissait par espérer qu'elle n'aurait pas lieu, du compagnon, personnage bourru, accaparant sa promise sans se soucier de la présence de Darkly Noon, laissant ce dernier s'enfoncer dans une solitude propice à toutes dérives, que l'auteur amènera progressivement, par des petites touches d'abord anodines, puis de plus en plus menaçantes jusqu'à une explosion finale mémorable, brutale et nihiliste, tout en laissant planer le doute quant à l'embryon d'élément surnaturel évoqué sans que l'auteur ne s'y engouffre par facilité, laissant ainsi le spectateur se forger sa propre opinion.
Mais au-delà de l'implication totale du spectateur dans l'intrigue, c'est la symbolique forte utilisée par le réalisateur, quasiment omniprésente ( le sang sur la Bible, les barbelés, la peinture du final ), qui renforce l'impact du film, tout en y apportant par instants une poésie presque féerique ( la chaussure sur l'eau ), le tout encore sublimé par une photographie remarquable utilisant merveilleusement les décors naturels.
L'interprétation est plus que convaincante, dominée par un Brendan Fraser étonnant dans un rôle pas facile, et la mise en scène du réalisateur participe activement à installer et à entretenir le climat de folie grandissante au fur et à mesure que l'on avance dans le métrage, grâce notamment à des mouvements de caméra étranges et à un montage survolté et hystérique.
Donc, ce "Darkly Noon", en plus d'être captivant et envoûtant, arrivera à toucher son spectateur plus que de raison !
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