Pour son second métrage, après son sympathique "Cabin fever", le réalisateur Eli Roth nous convie à un nouveau voyage sanglant, même si finalement son métrage ne méritera pas entièrement sa réputation jusqu'au-boutiste et sulfureuse.
Le script met en scène trois touristes américains, avides de sensations fortes qui espèrent profiter de leur voyage en Europe pour faire de nombreuses rencontres féminines. Et c'est ainsi qu'ils se retrouvent en Europe de l'Est où ils vont découvrir l'horreur.
Toute la première partie du métrage, après un générique alléchant, verse dans la comédie potache pour nous présenter ses trois personnages principaux de façon plutôt stéréotypée, avançant largement un humour pas vraiment drôle et rabâché, digne des pires comédies adolescentes en ramenant tout au sexe, avant que le métrage ne change radicalement d'orientation pour une rupture de ton presque digne de celle de "Une nuit en enfer" immergeant nos trois héros dans un monde barbare et cruel.
Et c'est bien entendu cette seconde partie du métrage qui retiendra l'attention, contrastant complètement avec l'amorce du film, aussi bien par son ton morbide et sadique que par son retour à une réalité sinistre ( présentant ce pays de l'Est sous son "vrai" jour, certes bien sûr accentué ici ! ), glauque ( la disparition des couleurs vives, le vrai visage non maquillée des jeunes filles, par exemples ) et dépravée ( au travers de l'univers de l'usine et des abominations commises moyennant finance ! ), pour une succession de rebondissements alignant un minimum de gore mais sans jamais verser dans la surenchère attendue.
Car même si l'auteur a insufflé un minimum de consistance à son script ( qui devait être à l'origine un documentaire ), en jouant sur les fantasmes générés par cette Europe de l'Est où tout serait possible contre de l'argent, tout en amenant une petite réflexion sue le trafic d'êtres humains, c'est sur l'aspect sanglant qu'était en grande partie attendu son métrage.
Alors, même si les scènes-chocs, quasiment regroupées dans le dernier tiers du film, sont assez généreuses et graphiques ( les doigts sectionnés, l'oeil ou bien encore la boucherie du sous-sol ), parfois même douloureuses ( les tendons des pieds ) accompagnées de quelques visions fugaces de sévices infligés à des victimes hurlantes, c'est presque par les sous-entendus alimentant l'univers du "l'usine" que le réalisateur parvient à surprendre quelque peu, ramenant l'être humain à l'état de viande de boucherie et présentant des bourreaux qui, en plus d'un look volontairement bestial, seront bien atteint dans leur folie meurtrière, le tout dans un environnement terriblement glauque et oppressant.
Par contre, le retournement de situation final, s'il arrive à maintenir un suspense constant et à provoquer à nouveau quelques effusions de sang, aura bien du mal à paraître crédible, aussi bien dans la fuite trop facile que pour la dernière rencontre bien improbable.
L'interprétation est convaincante, certainement pas grâce aux trois héros bien superficiels, mais plutôt par des seconds rôles bien campés, sans oublier le savoureux caméo de Takeshi Miike.
La mise en scène d'Eli Roth est vive, dynamique et parvient à renforcer l'horreur de certaines des situations avec un "hors-champ" aux bruitages glaçants.
Les effets spéciaux sont plus que probants en étant parfaitement crédibles et même parfois terriblement graphiques.
Donc, ce "Hostel", même s'il ne comble pas toutes nos attentes, s'avère être plus que jouissif, malgré une première partie trop longue et superficielle !
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